Neuf ans. Cela fait neuf ans que la plus grosse affaire de violences sexuelles impliquant un gynécologue connue à ce jour en France s’embourbe dans une instruction judiciaire ouverte en septembre 2013. D’après les dernières pièces que Les Jours se sont procurées en exclusivité, le docteur T. est désormais mis en examen pour 127 infractions de viols par personne abusant de l’autorité que lui confère sa fonction et d’agressions sexuelles aggravées. Alors que, lors de nos premières révélations il y a un an pile, nous en étions déjà à 118 plaintes (lire l’épisode 1, « Un gynécologue, 118 plaintes pour violences sexuelles »). Il en a été notifié lors de son dernier interrogatoire le 3 février 2022. Ce jour-là, l’ancien gynécologue de Domont (Val-d’Oise) a préféré garder le silence. Sauf à réitérer sa ligne de défense : « Ce qui me gêne, c’est la qualification de viol, parce que pour moi il n’y a eu que des examens gynécologiques. » Pour rappel, « les victimes des agissements du docteur disent de lui [qu’il] met en confiance afin de mieux pouvoir abuser d’elles », écrivaient en 2019 les gendarmes dans un procès-verbal. S’en suivraient alors des caresses appuyées sur les seins, le pubis ou le clitoris. Dans la majorité des cas, ces 127 femmes se plaignent de pénétrations digitales, décrites comme de longs « va-et-vient » de la part du praticien
Je n’ai pas mis de mots à ce moment-là, et aujourd’hui, j’ai compris que ce qu’il s’était passé n’était pas normal, et encore moins du domaine du médical.
Les Jours sont également en mesure d’affirmer qu’au moins une nouvelle plainte pour viol a été déposée le 10 octobre 2022 à son encontre. Elle concerne des faits qui seraient survenus en 2008. Dans sa déposition que nous avons consultée, la plaignante, trentenaire, décrit, comme des dizaines d’autres avant elle, les mêmes scènes et cette même stupéfaction qui cadenasse la parole. « J’ai cette sensation de ne pas être dans mon corps, comme tétanisée, je me sens bouleversée, je n’arrive pas à faire le lien avec ce qui vient de se passer, raconte cette femme aux enquêteurs qui l’ont entendue il y a quelques jours et qui ne connaît aucune autre victime présumée. Je n’ai pas mis de mots à ce moment-là, et aujourd’hui, j’ai compris que ce qu’il s’était passé n’était pas normal, et encore moins du domaine du médical. »

Cette plainte n’a pas encore été ajoutée aux précédentes.