Le dossier du docteur T. est définitivement relancé. Depuis le 20 janvier 2022, date du dernier réquisitoire supplétif auquel Les Jours ont eu accès en exclusivité, le médecin, libre sous contrôle judiciaire, est mis en examen pour 75 viols et 14 agressions sexuelles. Au terme de cet acte, il est également « mis en cause » pour 26 autres viols. Enfin, pèsent contre lui « des présomptions graves » concernant 16 viols supplémentaires. D’après un décompte effectué par Les Jours, il est aujourd’hui visé par 126 plaintes d’anciennes patientes (lire l’épisode 8, « Violences sexuelles : de nouvelles plaintes accablent le gynécologue du Val‑d’Oise »). Il sera interrogé sur ces faits dans les prochaines semaines par la juge d’instruction. Mais ces nouvelles poursuites contre le docteur T. sont le fruit de soubresauts procéduraux qui dépassent l’entendement.
À la mi-janvier, le parquet de Pontoise communique aux médias un mail qui laisse entendre que 43 nouvelles plaintes ont été enregistrées grâce à de récentes investigations. Il dit également que certaines de ces plaintes ont été déposées directement devant la juge d’instruction. Les Jours, qui ont obtenu les dernières pièces du dossier, sont en mesure de l’affirmer : il n’en est rien. Ces 43 plaintes ont été enregistrées par les gendarmes entre le 26 février 2014 et le 26 février 2016, date de la dernière déposition visant le docteur T. dans cette information judiciaire ouverte en 2013. Aussi incroyable que cela puisse paraître, tous ces témoignages ont été laissés de côté pendant près de six ans.

Fin juin 2020, une avocate se plaint par courrier à la juge d’instruction qu’une de ses clientes a été oubliée. Un an après, la magistrate rouvre le dossier et découvre que ce n’est pas un cas isolé. Le 8 juillet 2021, elle s’en émeut dans une ordonnance adressée au parquet de Pontoise : « Vu les plaintes des personnes suivantes, qui n’ont pas fait l’objet de réquisitions supplétives jusqu’à présent, ordonnons que le dossier soit transmis immédiatement à monsieur le procureur de la République pour réquisitions ou avis aux fins de réquisitions supplétives éventuelles concernant les personnes sus-citées. » Les 43 plaintes sont mentionnées dans un tableau joint à son ordonnance.
Sauf que, et là aussi c’est invraisemblable, la juge d’instruction se trompe. Parmi les 43 plaintes, elle en mentionne au moins une qui figure bien dans les précédentes réquisitions supplétives et pour laquelle le docteur T.