Dix ans et sept mois. Voilà le temps qu’aura duré l’enquête visant le docteur T. Le 6 mars 2024, un avis de fin d’information a été rendu par la juge d’instruction qui clôt donc cette procédure judiciaire débutée le 5 septembre 2013, au parquet de Pontoise (Val-d’Oise). Cette fois-ci, il semblerait que ce soit vraiment la fin. En novembre dernier, Les Jours se penchaient sur un premier avis de fin d’information rendue par la magistrate et découvraient que celle-ci avait omis d’y joindre 45 plaintes (lire l’épisode 12, « Violences sexuelles : la justice oublie 45 plaintes contre le docteur T. »). Son dernier acte a rectifié cette erreur procédurale, réintégrant à la procédure ces victimes présumées oubliées. Le docteur T. est ainsi aujourd’hui visé par 129 plaintes déposées par autant d’ex-patientes et mis en examen pour 117 viols, deux tentatives de viol et quatorze agressions sexuelles commises « par personne abusant de l’autorité que lui confère ses fonctions », entre 1995 et 2014.
Outre la fin de l’information judiciaire, Les Jours révèlent qu’une 129e femme accuse donc l’ancien gynécologue de Domont d’un viol survenu entre 2011 et 2014. Cette ancienne patiente a déposé plainte contre lui le 24 novembre 2023. Elle avait été contactée aux prémices de l’enquête, il y a dix ans, mais n’avait pas trouvé à l’époque la force de témoigner, traumatisée par l’examen subi dans le cabinet du praticien. Son témoignage fait largement écho aux 128 qui l’ont précédé.
Libre sous contrôle judiciaire, le docteur T., 73 ans, nie l’ensemble de ces faits pour lesquels il encourt vingt ans de réclusion criminelle. Dans son dernier interrogatoire, le 26 février 2024, il garde le silence. Avant d’adopter la stratégie du mutisme, cet homme né en 1950 au Viêtnam avait longtemps assuré que ce dont ses nombreuses patientes se plaignaient n’était en fait que des « examens gynécologiques », concédant simplement une pratique « douce » ou « à l’asiatique ». À l’inverse, lors des consultations effectuées à son cabinet de Domont, dans le Val-d’Oise, « les victimes des agissements du docteur disent de lui [qu’il] met en confiance afin de mieux pouvoir abuser d’elles », écrivent les gendarmes dans un procès-verbal daté de 2019. S’en suivraient alors des caresses appuyées sur les seins, le pubis ou le clitoris. Dans la majorité des cas, ces femmes dénoncent des pénétrations digitales, sans gant pour certaines, dans leur vagin, qu’elles décrivent comme de longs