Récemment installée à Cannes, Solange n’y connaît pas grand monde. Mi-mars, elle a fait des analyses médicales sur les conseils d’un gynécologue consulté quelques jours plus tôt. Il s’appelle Jean-Michel Raynaut et elle ne l’a pas apprécié tant il lui a paru grossier, paternaliste, misogyne. Et puis elle trouve qu’il s’est un peu trop enquis de savoir à quel point elle était isolée. Mais seul ce praticien propose des créneaux rapides quand tous les autres affichent des semaines d’attente. Contrainte par des résultats sanguins impossibles à déchiffrer pour une profane, la jeune femme de 29 ans se résout à le revoir ce jeudi 25 mars.
Dans son cabinet du Cannet, une commune voisine, le médecin évoque immédiatement un cancer de l’utérus. Solange s’inquiète : au vu de ses antécédents familiaux, c’est mauvais signe. Le gynécologue le sait, ils en ont discuté lors du premier rendez-vous. Après avoir lâché le diagnostic, il l’assomme de détails décousus. « Il y avait une confusion permanente entre ce qui relevait du médical et du reste, retrace Solange auprès des Jours. C’était un moulin à paroles, c’était malsain. »
Je lui dis : “Mais vous faites quoi ?” Là, je l’ai vu remettre son pantalon.
Pour le docteur Raynaut, c’est clair, il faut pratiquer une échographie. « Jamais il ne parle de consentement ou quoi que ce soit. Je m’allonge sur sa table, et là, pendant qu’il bavasse, il insère sa sonde. Il me fait mal, je sursaute. Il me regarde et me dit : “Mais vous êtes enceinte !” », rapporte Solange, elle qui n’avait eu de cesse de lui répéter qu’elle ne voulait pas d’enfant. « À cet instant, mon monde s’effondre. Je ne suis plus là, hors de moi. Et quand je reprends conscience, il est en train de faire des va-et-vient avec sa sonde, il caressait mes lèvres, mon clitoris. Je lui dis : “Mais vous faites quoi ?” Là, je l’ai vu remettre son pantalon. J’ai eu l’impression qu’il se frottait sur la table, un bras sur ma jambe, l’autre sur la sonde. »
Solange découvrira plus tard qu’elle n’est ni atteinte d’un cancer ni enceinte. Début avril, elle dépose plainte pour viol contre Jean-Michel Raynaut. Fin septembre, une information judiciaire est ouverte par le parquet de Grasse, dans les Alpes-Maritimes, contre ce praticien parti à la retraite en mai dernier et qui exerçait aussi à Carros, tout près de Nice. Âgé de 73 ans, le gynécologue, présumé innocent, est mis en examen pour viol aggravé, libre et sous contrôle judiciaire, depuis le 1er octobre.

Selon nos informations, trois patientes, dont Solange, ont porté plainte contre lui pour des agressions sexuelles et des viols survenus lors de consultations.