Petit test. Qui a dit : « Nous sommes pour la paix. Un gouvernement digne de ce nom est pour la paix. Toute intervention conduirait tout droit à la plus abominable des guerres à la fois civile et internationale. Le peuple français n’a-t-il pas un haut intérêt à s’abstenir d’un conflit international auquel rien – non, rien, rien – ne l’a préparé ? » ? Est-ce Jean-Luc Mélenchon lors de son meeting pour la paix à Lyon, le 6 mars, au cours duquel le leader des Insoumis a condamné les livraisons d’armes de l’Europe à l’Ukraine, au nom d’un risque d’escalade inconsidéré ? Réponse : pas du tout. C’est une citation de Charles Maurras, publiée en juillet 1936 dans L’Action française, journal d’extrême droite dont il était le directeur, à l’occasion de la guerre civile espagnole. L’écrivain antisémite avait alors pris la tête d’une campagne d’opinion contre le projet de Léon Blum de livrer des armes au gouvernement espagnol, qui venait juste d’être attaqué par les nationalistes du général Franco. L’Action française écrivait ainsi que « si la France ne respectait pas le principe de non-immixtion dans les affaires intérieures de l’Espagne », cela n’aurait pour conséquence à court terme que de « favoriser la prolongation de la guerre civile » et, à plus long terme, de pousser à « une intervention de l’Allemagne et de l’Italie », et donc à « la guerre en Europe ».
Si les arguments présentés par Maurras sonnent étrangement familiers aux oreilles contemporaines, c’est que les problématiques posées par l’invasion russe en Ukraine ne sont pas nouvelles.