Il n’y a rien de plus énervant que les néologismes vides de sens inventés par les « créatifs » des services marketing pour faire moderne. Exemple : le jargon des entrepreneurs du net qui n’a d’autre but que de faire passer pour un vieux con tout ce qui n’est pas digital native (« enfant du numérique », en vieux français). Vous entendrez ainsi peut-être parler de gens qui veulent « disrupter la démocratie grâce à la blockchain ». Eh bien, ne fuyez pas. Vous risquez de trouver des personnes passionnées qui réfléchissent à la manière de renouveler la démocratie par le numérique. Des défenseurs de la « civic tech » (traduisez « technologie civique ») qui veulent profiter des réseaux virtuels – et de leur capacité à mobiliser à moindre coût – afin de construire un nouveau régime politique plus participatif. Comme les partisans du tirage au sort (lire l’épisode 5, « Le jeu de la politique et du hasard »).
À la frontière de la civic tech gravitent des collectifs neuneus qui voient dans internet une religion new age. Comme la communauté des Barbares, une « tribu » de « disrupteurs » maîtrisant les « outils du numérique » qui veulent « favoriser l’émergence d’un monde positif » en vivant « en paix avec eux-mêmes ». Mais d’autres, comme #MaVoix, qui veut « hacker l’Assemblée nationale », valent le coup d’être étudiés. C’est l’avis de Loïc Blondiaux, professeur de sciences politiques, un des meilleurs spécialistes de la démocratie participative en France (et aussi un