Un chant de Noël. Mais attention, pas un chant de Noël de l’ancien monde, pour reprendre l’expression de notre bien-aimé président. C’est-à-dire pas une de ces ritournelles où de mutines lutines miaulent que tout ce qu’elles veulent pour Noël, c’est nous. Pas de ça, n’oublions pas qu’Emmanuel Macron n’est pas fait de sucre candi mais pétri de philosophie et de littérature. Il lui faut, à lui, du lourd, du sérieux : voici le cadeau des Jours au Président ; ce sera bien Un Chant de Noël, mais celui de Charles Dickens.

Forcément, avec un président de la République doté d’un « métabolisme accéléré » (désolés, mais nous n’arrivons toujours pas à nous remettre de cette formule de Paris Match), le livre de Dickens – qui voit les fantômes des Noëls passés, présents et futurs visiter le personnage principal, Scrooge, pour le faire réfléchir sur sa vie – s’en trouve tout chamboulé. Ou du moins considérablement accéléré. La preuve : le Noël passé d’Emmanuel Macron ne remonte pas à décembre 2016, comme nous autres qui sommes dotés d’un métabolisme normal, voire un peu lent les lendemains de cuite, mais simplement au week-end dernier. Car c’est bien Noël qu’il fêta en effet du côté de Chambord, et non pas son anniversaire, comme l’ont pourtant écrit les moutonniers médias, y compris Les Jours. Noël, pour Emmanuel Macron, c’était donc la semaine dernière ; du coup, le Noël futur d’Emmanuel Macron, c’est carrément celui de 2027, normal. Vous êtes déjà perdus ? Allez, on reprend. Voici notre conte de Noël à l’adresse du CEO de la France : nous sommes le 25 décembre 2017, à l’Élysée, et il est un peu plus de de minuit, comme l’indique l’horloge placée à côté d’Emmanuel Macron, sur son bureau. Mais siiii, vous savez, l’horloge de sa photo officielle, ce vieux machin tout doré qui, toujours selon le très informé Paris Match, « passe d’une pièce à l’autre et le suit dans tous ses rendez-vous ». Pour les fêtes, une feuille de houx décore le coucou, et Emmanuel Macron ne dort pas, en bon Président bionique, Emmanuel Macron ne dort jamais. Quand soudain se matérialise sous ses yeux le fantôme des Noëls passés…
Et, comme chez Dickens, l’apparition invite Emmanuel Macron à revivre son Noël passé. C’était il y a trois semaines, c’était il y a un siècle en temps macronien accéléré, et ce jour-là, deux convois se téléscopaient, celui de Jojo et celui de Nono.