Quelle émotion, les amis, chers amis, chers abonnés, chers jouristes, chers compatriotes ! Oui, quelle émotion fut la nôtre quand nous reçûmes – hélas via les internets et non dans un écrin de papier gaufré apporté par un garde républicain, mais tout de même orné du macaron doré du logo de la France –, l’invitation. « Réception offerte par le Président de la République à l’occasion des vœux à la Presse », tel était l’objet du mail, majuscule à « presse » incluse, c’est bon pour l’ego. Et le texte, lui, dit que le président de la République nous « prie de bien vouloir assister à la réception qui sera donnée au Palais de l’Élysée, à l’occasion des vœux à la presse, le mercredi 3 janvier 2018 à 17 heures 30 ». Forcément, ça ne se refuse pas. D’abord parce que nous n’aurons jamais été aussi près du but de cette obsession, In bed with Emmanuel Macron ; ensuite parce que nous n’aurons jamais été aussi près de l’objet de ladite obsession : « L’Élysée côté pile et côté médias ». On a foncé.
Car enfin, hormis quelques maigres et rares rencontres (deux-trois interviews dans la presse, un trois contre un sur TF1 et une aimable causerie pédestre avec Laurent Delahousse), c’est la première fois qu’Emmanuel Macron rencontre le peuple honni : les journalistes. Ceux qu’il fuit depuis son élection du fait de sa « pensée complexe » (dixit un conseiller). Ceux dont il repousse les assauts, laissant toute une profession exsangue de ces rencontres discrètes qui nourrissent les gazettes d’entrefilets sourcés « à l’Élysée », dont François Hollande s’était fait le spécialiste. Ceux qu’à chacun de ses déplacements, il garde à distance, usant du « pool » à outrance, cette pratique qui réduit à une poignée le nombre de journalistes habilités à le suivre au plus près et qui, ensuite, partagent leurs infos/photos/vidéos avec le reste des confrères. Enfin, Emmanuel Macron rencontre les journalistes.
Mais lesquels ? C’est une des mille questions que nous nous posions à l’orée de cette rencontre mémorable. Y aurait-il Christophe Barbier, improvisant un poirier au débotté dans la salle des fêtes de l’Élysée, comme il le fit le matin même, en direct sur BFMTV ? Croiserait-on tous nos amis des plateaux télé, les Ruth Elkrief, les Bruno Jeudy ? Voire – félicité des félicités – Jean-Pierre Elkabbach ? Et question des questions : la « tenue de ville » que précise le carton d’invitation, implique-t-elle le port de la cravate ?
À la première de ces questions, c’est la dircom de l’Élysée, Sibeth Ndiaye, qui nous répond ceci : « Plusieurs centaines d’invités, des journalistes et éditorialistes en exercice, presse française et étrangère. » L’autre, celle sur la cravate, on n’a pas osé la lui poser.