Tû-tûûût… Tû-tûûût… Tû-tûûût… Combien de fois, au terme de ces six jours, Emmanuel Macron aura-t-il entendu le long et lent sanglot d’une trompette entonnant la sonnerie aux morts ? Une fois par jour minimum, à chaque nouvelle inauguration d’une stèle du souvenir. Mais c’est La Marseillaise qui, à force d’être jouée à toutes les étapes, risque de lui vriller les oreilles jusqu’à le réveiller en sueur la nuit, saisi encore par un clairon cauchemardesque. Après tout, il n’a qu’à s’en prendre qu’à lui-même, le président de la République : personne ne le force à cette tournée des popotes poilues qui s’est entamée dimanche et se terminera samedi. Pardon, oui, c’est vrai, on ne dit pas « tournée des popotes poilues » mais « itinérance mémorielle ». Qui n’a, contrairement à ce que le parcours tout proche de l’Allemagne pourrait faire penser, rien à voir avec les soucis d’itinérance des téléphones en zone frontalière (prononcez « roaming »). Non, le roaming du Président consiste à prendre la tête d’une caravane qui va sillonner l’est et le nord de la France afin de célébrer le centième anniversaire de l’armistice de 1918, un hommage panaché de rencontres avec les Français. Si Emmanuel Macron fait une itinérance, alors zou, Les Jours la font aussi avec cet épisode d’In bed with Macron, qui sera quotidiennement et au fil de la tournée augmenté des grands événements qui ne manqueront pas de survenir lors de cet étrange défilé. Et des petits aussi. Surtout des petits, en fait.
Las, vos serviteurs ne pouvaient pas se glisser dans la caravane médiatique de ménestrels chargés d’interpréter la chanson de geste d’Emmanuel Macron au cours de sa virée. Mais nous avons recruté quelques taupes journalistes pour nous faire vivre le trip de l’intérieur. Ils sont une sacrée tripotée dans la caravane : de 60 à 70 reporters disséminés dans deux bus qui suivent le convoi présidentiel et les débarquent à chaque étape. Oh ici, un monsieur déguisé en poilu : hop, une photo. Oh là, une déclaration d’Emmanuel Macron à côté d’un monsieur déguisé en poilu : hop, une petite phrase. Sonnerie aux morts, Marseillaise, et tout le monde dans le bus. Une question vous brûle les lèvres : les journalistes dorment-ils dans le bus ? Eh bien non. Dimanche, au premier jour de l’itinérance, l’Élysée a réservé un Novotel à Strasbourg pour faire pioncer les collègues, et lundi soir, ils ont le choix entre Le Privilège à Haudainville et l’Ibis de Verdun.