Depuis dimanche et jusqu’à samedi prochain, Emmanuel Macron est embarqué dans une « itinérance mémorielle » entre commémoration du centenaire de l’armistice et rencontre avec les Français (lire l’épisode 23, « Itinérance d’un Président rincé »). Dans sa suite, une caravane de journalistes et, parmi eux, quelques taupes des Jours pour raconter ce very presidential trip. Bien sûr, dans cette fausse lettre d’un poilu, tout est vrai.
Ma petite femme chérie,
Je t’écris depuis Verdun, dans la Meuse, au fond d’une tranchée où je suis calfeutré avec 70 autres journalistes. La nuit à l’Ibis Budget a été courte et la soirée de la veille un peu tendue. L’Élysée avait réquisitionné un restaurant (va trouver quelque chose d’ouvert à Verdun à 21 heures), appelé « Authentique ». Tout le monde était assez épuisé, il y avait ceux qui voulaient aller à l’hôtel tout de suite et ceux qui voulaient se détendre, le service de presse de l’Élysée devait gérer les deux bus, ça a même été chaud entre un photographe et un mec de BFMTV. Bon, une fois dans le bus, ça a bien déconné, des grosses vannes un peu grasses, mais les journalistes ont moins ri quand, à 23 h 30, ils ont vu l’Ibis en pleine zone commerciale, entre un Cash Express, un vendeur de sanitaires et un resto La Pataterie.

Ce matin, le bus est venu nous chercher à 6 h 40 direction Les Éparges, tu sais, c’est là que Maurice Genevoix s’est battu en 14. Comme le restaurant de l’Ibis était fermé, on nous a donné un petit sac avec une biscotte et un gâteau, notre ration. Dans le bus, on ne captait pas Europe 1, ça ne passait pas dans la forêt, impossible d’entendre le président de la République interviewé par Nikos Aliagas. Il est arrivé en retard, comme d’habitude, et nous, on est restés comme des cons dans le froid. Le brouillard a fini par se lever, c’est joli, les forêts de la Meuse. Le discours du Président était plutôt sympa, tu l’as peut-être entendu, il va faire entrer Genevoix au Panthéon et aussi « ceux de 14 ».
C’est marrant, ma petite femme chérie, mais nous, les journalistes, passons nos journée à 50 mètres de Macron mais on vit l’« itinérance » par procuration. Là, la cérémonie de Verdun, je l’ai vue sur un écran, depuis la salle de projection de l’ossuaire où nous sommes installés. C’était quand même très joli, ces images : le ciel pommelé, la sonnerie aux morts, La Marseillaise, la sonnerie aux morts, La Marseillaise.