Les enfants sont des gilets jaunes comme les autres. Permettez-nous de démarrer cet article par une anecdote personnelle. C’était cette semaine sur une ligne de métro de l’est parisien. Voilà que vos serviteurs abîmés dans leurs pensées voient soudain débarquer dans la rame et par toutes les portes à la fois une nuée de petits êtres jaunes difficilement contenus par quelques encadrants déjà au bord du nervous breakdown : une sortie scolaire où, afin de ne pas en perdre un en route, les enfants sont habillés du désormais célèbre uniforme fluo de la révolution rond-pointo-classo-moyenne. Sans nous départir de notre légendaire humour bien qu’un peu saisis d’effroi, nous avisons l’enfant le plus proche d’entre nous : « Alors, ça va, les gilets jaunes ? » (on vous avait prévenus pour l’humour). Et là, découvrant ses dents, écartant les bras dans une posture mi-haka mi-Hulk, le petit être jaune nous crie au visage : « GRRRRrrRRRrr ! »
Oui, « GRRRRrrRRRrr ! », autant vous dire que ça fait très peur. Alors imaginez la frousse qui a été celle d’Emmanuel Macron quand des centaines de milliers d’exemplaires adultes de ces gilets jaunes lui ont fait « GRRRRrrRRRrr ! » pendant des semaines et des semaines. Pensez un peu, s’il vous plaît, à ses nuits agitées de créatures monstrueuses toutes de jaune vêtues vociférant des « Macron démission » et lui promettant de lui faire entrer ses promesses de campagne par tous les orifices et surtout celui sur lequel il s’assied (serait-on freudiens qu’on tenterait une analyse puissante de cette manie dans le mouvement des gilets jaunes mais bon). Vous voyez le calvaire ? Eh bien vous comprendrez aisément la nouvelle stratégie de com du président de la République que nous avons décelée : le rabattage de caquet.
Du caquet présidentiel, s’entend. Car c’est bien sur sa personne que s’est concentrée l’ire jaune. Le résultat d’un an et demi de jupitérienne présidence, où tout passe par lui, maître des horloges (lire l’épisode 1, « Maître des horloges et boussole médiatique »), superprésident qui ne dort jamais et qui va vite, très vite, hop, hop, hop, les réformes, couic l’ISF, hausse de la CSG, et si t’as pas de boulot, ben t’as qu’à traverser la rue, feignasse ! Des mesures et une arrogance que, sur fond de hausse des prix du carburant, il s’est pris en pleine face sous forme d’énorme boomerang jaune fluo. Désormais, après avoir expliqué en long, en large et en traviole qu’il « entendait » (lire