Les guillemets n’auront été qu’une parenthèse. Il faut s’y faire : nous ne les verrons plus orner les bandeaux des chaînes info et décorer les articles des journalistes chargés de suivre l’Élysée. Nous ne verrons plus ces mignons petits chevrons (« ») ou doubles apostrophes (“ ”) porteurs d’un minerai rare et si précieux : la parole présidentielle. Ce mardi, Joseph Zimet, le Monsieur com d’Emmanuel Macron, a coupé le robinet à guillemets, couic. La faute à cette maudite réforme des retraites.
C’était pourtant une largesse qu’il avait lui-même accordée, ainsi que nous vous le racontions dans l’épisode précédent d’In bed with Macron. Afin de rabibocher un Élysée claquemuré à la presse avec des journalistes en mal d’infos, Joseph Zimet, tout juste nommé, décidait à l’automne d’organiser chaque semaine, généralement pendant le conseil des ministres, une réunion informelle où il délivrait la substantifique moelle de la pensée d’Emmanuel Macron. Une bonne manière pour l’Élysée de fournir clés en main ses éléments de langage et pour les journalistes de nourrir leurs analyses, de grappiller des infos, d’en vérifier d’autres, de se faire expliquer la raison de tel ou tel déplacement présidentiel. Signe de la néocoolitude élyséenne incarnée par celui qu’on surnomme « Jay-Z », les journalistes avaient le droit de citer ses propos entre guillemets.
Il ne s’agissait pas, pour eux, d’écrire « le conseiller en com de l’Élysée Joseph Zimet déclare qu’“Emmanuel Macron est très content de l’horloge connectée que Brigitte lui a offerte à Noël” » (c’est un exemple) mais « Emmanuel Macron se dit “très content de l’horloge connectée que Brigitte lui a offerte à Noël” ».