«Je m’exprimerai devant les médias français, mais quand je vois le temps passé, depuis quatre mois, à ne commenter que mes silences et mes dires, je me dis que c’est un système totalement narcissique. » Déjà, Président, s’il est un média où vous vous exprimez régulièrement, avouez que c’est bien Les Jours. Qui, dans In bed with Emmanuel Macron, cette expérience politico-médiatique visant à se glisser au plus près de vous, fût-ce en pyjama, vous donnent systématiquement la parole à chaque nouvel épisode. « Narcissique » ensuite, disiez-vous donc la semaine dernière à New York à une journaliste de LCI chonchon de vous voir parler à CNN. Mais enfin, Président, qui saurait mieux qu’un journaliste français vous interviewer, semble hululer toute notre noble profession en grave manque de ne pouvoir vous poser des questions ? Eh ben tout le monde, à vous en croire.
Exemple ce mardi après-midi, à l’occasion de son discours à la Sorbonne où Emmanuel Macron présentait son « initiative pour l’Europe ». Figurez-vous qu’une séance de questions-réponses a bel et bien eu lieu, hosannah ! Certes, mais des questions posées par des étudiants, si ce n’est, en toute fin de séance, une poignée généreusement accordée à cinq journalistes. Vexation supplémentaire : des bancs ont été réservés dans l’amphithéâtre, précisait la note invitant les médias au raout, ainsi que « des zones de stand-up » pour que les caméras puissent filmer et les envoyés spéciaux des chaînes info commenter cette interview à laquelle ils n’ont décidément pas droit.

« Il ne s’agit pas de cacher les choses, il s’agit de les organiser », déclarait le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, la semaine dernière dans un Complément d’enquête, consacré, sur France 2, à la communication de l’Élysée. Ça, pour les organiser… Les organiser ou plutôt les mettre en scène comme, coup sur coup, ces deux dernières semaines, la signature de la loi sur la moralisation et celle des ordonnances de la loi travail, dans le bureau présidentiel. Macron encadré, dans un cas de la garde des Sceaux Nicole Belloubet, dans l’autre de la ministre du Travail Muriel Pénicaud, et dans les deux du gendarme de service, Christophe Castaner. « Séquence » inédite d’un ridicule achevé, copiée-collée de ce qui se pratique aux États-Unis avec Trump (même si on pressent que c’est plutôt du côté d’Obama que lorgne Macron).