Huit caméras, un drone et rien moins que trois journalistes. C’est dire si TF1 a sorti l’argenterie du dimanche pour l’occasion : eh oui, il parle. Enfin, il parle. Ça y est, il parle. Après cinq mois à claquer le beignet des journalistes télé, refusant toute interview – ou alors, à de très rares exception près, seulement dans la presse écrite –, envoyant bouler toute discussion « off the record » à l’opposé de son prédécesseur François Hollande, dont c’était même la principale occupation, Emmanuel Macron parle. Mieux, Emmanuel Macron, faisant fi de la « pensée complexe » dégainée par un de ses conseillers pour justifier son refus de s’exprimer auprès de ces teubés de journalistes, a répondu aux questions d’Anne-Claire Coudray, Gilles Bouleau et, nouveau (re)venu dans la maison Bouygues depuis qu’il a été éjecté de France 2, David Pujadas.
Les Jours, bien sûr, n’allaient pas rater l’occasion de dégainer un épisode d’In bed with Emmanuel Macron en direct. Songez : le Président allait-il, face caméra, s’en prendre aux « fainéants » français qu’il dénonça dans un discours depuis la Grèce ? Allait-il en remettre une couche sur ceux-là qui « foutent le bordel » au lieu de chercher du boulot, une expression tout de même un peu leste interceptée par une caméra de BFMTV après une manif des salariés de GM&S ? À moins que ce soit le tour des « envieux » et autres jaloux – samedi, dans un entretien au Spiegel, il a évoqué « l’envie qui paralyse le pays ». Allez, nous, on vous a fait un pari. Assistant samedi soir à la représentation du Tartuffe de Molière, le président de la République allait y trouver moult citations à recoller dans son entretien sur TF1. « Les langues ont toujours du venin à répandre » (les journalistes qui sont tellement méchants), « le chemin est long du projet à la chose » (pas mal, ça, pour décrire sa stratégie), ou alors l’aveu de Tartuffe himself : « Oui, mon frère, je suis un méchant, un coupable, un malheureux pécheur tout plein d’iniquité, le plus grand scélérat qui jamais ait été. » Réponse pas plus tard que maintenant dans le replay de la première interview d’Emmanuel Macron.
19 h 55 : la fête à la maison
« Je ne ferai pas d’émission spéciale, d’émissions où l’on convoque des journalistes – par ailleurs estimables – dans les lieux du pouvoir. » Oui, mais ça, c’était François Hollande, une promesse de 2012 tenue à ses tout débuts de président de la République lors de ses trois premiers entretiens télévisés mais vite oubliée ensuite.