#jauraisfaitcommeelle. Le hashtag n’a pas connu le succès de #metoo mais a le mérite d’exister. En décembre 2022, quelques jours avant Noël, des centaines d’internautes – dont de nombreuses célébrités, telles que Judith Chemla, Alex Lutz ou Anny Duperey – relaient ce message de soutien à Priscilla Majani sur les réseaux sociaux. Une sorte de cri de ralliement virtuel, accompagné de sa pétition, pour défendre cette ancienne ingénieure de l’armée dont l’histoire pourrait avoir été copiée-collée sur celle de Gladys, qui a fui en Espagne avec sa fille (lire l’épisode 1, « “La rendre à son père incestueux, c’était devenir complice” ») : Priscilla aussi, en 2011, s’est vu ordonner de rendre Camille à son père malgré les dénonciations d’inceste paternel de la fille de 5 ans. Elle aussi, quelques jours plus tard, s’est volatilisée avec son enfant. Combien sont-elles ces femmes que la justice oblige à se détourner des lois avant de les enfermer ?
Les institutions n’ont pas encore fait le calcul, pourtant conscientes du phénomène. Le schéma est souvent le même : systémique. En France, la judiciarisation de l’inceste est comme un sable mouvant pour les parents dits « protecteurs », formule communément employée par les professionnels de la protection des mineurs, à l’image d’Édouard Durand.