Ni sonnette, ni plaque, ni nom. Juste une porte blanche perchée au-dessus de majestueux escaliers parisiens, épais tapis et rambarde en fer forgé gris. Rien n’indique qu’il s’agit là de l’entrée du cabinet d’une psychologue. Pas d’accueil, pas de salle d’attente non plus. Les patients de cette docteure en psychologie clinique ne se croisent pas, ne se savent pas. Tant mieux pour une partie d’entre eux, qui suivent leur thérapie dans le secret le plus total. Des thérapies « clandestines » à destination d’enfants victimes de violences sexuelles, notamment intrafamiliales. Des mineurs que la justice n’a pas crus, contraints de fréquenter leurs bourreaux, dénoncés mais mis hors de cause (lire l’épisode 1, « “La rendre à son père incestueux, c’était devenir complice” »). Ces pères incestueux à qui l’autorité parentale n’a pas été retirée, et qui peuvent donc en toute légitimité s’opposer à l’accompagnement thérapeutique de leur enfant.
Au début des années 2000, Mme K.
« Ces enfants parlent mais pas leur corps. » C’est le premier point commun des visiteurs de la psychologue, généralement orientés jusqu’au cabinet par l’avocat du parent à qui ils se sont livrés. Filles ou garçons, tous les mineurs qu’elle accompagne ont dénoncé des violences sexuelles. Pourtant, aucune trace n’a été relevée lors de l’examen médico-légal, censé suivre le dépôt de plainte… qui arrive parfois des mois après les révélations.