De Belfast
«Ce ne sera pas toujours ainsi, ça finira par s’arranger. » Dans le Cathedral Quarter de Belfast, une fresque à l’effigie de Lyra McKee sourit aux passants, sa devise inscrite à côté d’elle sur le mur de béton. La journaliste nord-irlandaise tuée à Derry en avril 2019 faisait partie de la génération post-violences, celle qui devait récolter les fruits de la paix et vivre en harmonie avec ses voisins. Si sa mort a prouvé qu’une graine de conflit était toujours enfouie dans l’identité nord-irlandaise, l’optimisme de la jeune femme perdure. Belfast, son centre-ville, ses habitants n’ont plus rien à voir avec ceux de 1969, quand débutait une guerre civile de trente ans. Un facteur que tendent à oublier bien des observateurs.
Au bout de la même rue, un pub incarne cette nouvelle Irlande du Nord. Le Sunflower, avec sa devanture blanche et verte, a conservé la cage de fer qui protège son entrée depuis un attentat de la fin des années 1980. « Je l’aime bien, cette cage », sourit le propriétaire, qui y a accroché des paniers de fleurs. Dans la cour intérieure, ce sont désormais des jeunes de gauche, des intellos, artistes et libéraux qui se partagent les tables. L’ancien et le neuf cohabitent ainsi dans toute la ville : immeubles vides aux fenêtres brisées à côté de grands magasins rutilants. Pour l’œil non averti, Belfast ressemblerait même à n’importe quelle ville britannique.