D’Israël
Mai 2000, Jérusalem. Benyamin Netanyahou s’est exilé de la politique israélienne et reconverti dans la high-tech après avoir essuyé une cuisante défaite lors des législatives en 1999 (lire l’épisode 6, « Benyamin Netanyahou, le scénariste catastrophe »). Mais l’Aquarium, cette salle tout en verre au centre des bureaux du Premier ministre, lui manque. Il prépare déjà son retour, cherche des alliés ; il trouve Ron Dermer, qu’il rencontre pour la deuxième fois en cette fin de printemps déjà caniculaire. Jeune, athlétique et compétitif, cet immigré fait partie de la classe de stratèges importés des États-Unis qui façonnent en coulisse la politique israélienne de la fin du siècle. Républicain pragmatique issu d’une famille de démocrates de Floride, Ron Dermer deviendra rapidement le cerveau de Bibi, puis son homme outre-Atlantique. Aujourd’hui, Israël s’enfonce dans un conflit existentiel face au Hamas à Gaza qui risque de durer, une guerre « longue », selon les propos de Benyamin Netanyahou lui-même. Ron Dermer, lui, fait partie des cinq hommes qui forment le cabinet de guerre
Pendant cette réunion de 2000 avec Ron Dermer, l’ancien Premier ministre s’enflamme : il a eu une vision pour transformer Israël en puissance de premier plan. Par la force de ses armes, affirme son interlocuteur. « Oui, mais pour cela, il faut d’abord la puissance économique, dont la clé est l’adoption d’une économie de marché et le développement de technologies de pointe. La combinaison de la puissance économique et de la puissance militaire nous donnera le pouvoir politique », se rappelle avoir déclamé Benyamin Netanyahou, selon son autobiographie, Bibi: my story (Threshold Editions, 2022). « Si nous allions cela à notre capacité à influencer la politique américaine par l’opinion publique… nous marcherons parmi les géants. »
En 2000, l’idée d’un superpouvoir israélien semble pourtant encore très loin. Le Premier ministre travailliste, Ehud Barak, qui était l’officier chargé de l’unité de commandos de Netanyahou pendant son service militaire, cherche sans succès à faire revivre les accords d’Oslo sous l’égide des États-Unis. Il serait prêt à céder le contrôle total ou presque de la bande de Gaza et de la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est