Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras. Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras. Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras. Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras. Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras. Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras. Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras. Un tiens vaut mieux… D’accord, on arrête là cette référence cinématographique au film Shining (où l’écrivain joué par Jack Nicholson, devenu zinzin à faire le gardien de l’hôtel Overlook, tape des lignes et des lignes d’« Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras »). Pourtant, elle résume le tout récent accord signé entre Canal+ et les organisations professionnelles du cinéma, un accord encore confidentiel que Les Jours se sont procuré et dont les détails sont sanglants pour la profession. Et d’ailleurs, certaines scènes de Shining ne sont pas sans rappeler les coulisses de ces rudes négociations, avec un Canal+ bave aux lèvres et yeux fous plantant sa hache dans la porte du cinéma.
Canal+ et le cinéma, c’est une histoire aussi vieille que la chaîne cryptée et c’est aussi un deal de départ, à sa naissance en 1984 : OK pour diffuser vite des longs métrages récents mais, en échange, tu finances le secteur. Et c’est ainsi que le 4 novembre 1984 est diffusé le tout premier film sur Canal+ : L’As des as, avec Jean-Paul Belmondo, sorti dans les salles fin 1982. Et c’est ainsi que Canal+ est devenu celui que, par facilité journalistique, on désigne souvent sous le terme de « grand-argentier-du-cinéma ». Les 300 films français agréés par le CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée) en 2017 (dont 222 « d’initiative française », c’est-à-dire majoritairement financés en France) sont payés à un tiers par l’ensemble des télévisions (le reste provenant majoritairement des producteurs eux-mêmes, du CNC, etc.), mais Canal+, à lui seul, représente la moitié de ce tiers. Soit, en 2017 toujours, 153 millions d’euros pour 136 films préachetés. À titre de comparaison, TF1 en débourse 110 de moins, mais c’est au prix, évidemment, de films bien moins frais.

Tous les trois ou quatre ans, Canal+ et la myriade d’organisations du cinéma rassemblant les différents métiers se retrouvent, s’écharpent plus ou moins gentiment et aboutissent à un accord. Le dernier, datant de 2015, est plutôt simple : Canal+ doit investir 12,5 % de son chiffre d’affaires annuel dans l’achat de films européens, dont 9,5 % dans des longs métrages français.