Au fond, le journalisme ne se résume peut-être qu’à ça : poser des questions. Tenez, pas plus tard que quelques instants avant d’écrire ces lignes, nous avons appelé maître Olivier Baratelli, ci-devant avocat de Vincent Bolloré, pour lui poser deux questions. Va-t-il faire appel dans le procès qu’il a perdu ce mercredi contre le journaliste Nicolas Vescovacci ? Et comment analyse-t-il ce jugement ? Rien de plus normal, nous direz-vous, mais figurez-vous que c’est précisément pour avoir posé des questions que Nicolas Vescovacci s’est retrouvé en décembre 2018 devant la 17e chambre du tribunal de grande instance de Paris, traîné là par Olivier Baratelli pour le compte de Vincent Bolloré. Entre décembre 2016 et janvier 2017, Vescovacci a posé exactement 25 questions. Logique : il enquêtait dans le cadre du livre Vincent tout-puissant, coécrit avec Jean-Pierre Canet et publié en janvier 2018 (éd. JC Lattès). Pas logique, insupportable, dénigrant et même que c’est du harcèlement, a estimé Vincent Bolloré par la voix de son avocat qui a poursuivi Vescovacci et ses questions en justice. Montant réclamé : (accrochez-vous, il y a des zéros) 750 000 euros. 30 000 euros la question. Allez, parce que c’est vous, nous répondons gratuitement (ou presque puisque bien sûr, vous êtes abonné aux Jours) à celle que vous avez sur les lèvres : non, Bolloré n’a pas gagné. Et même qu’il a perdu, Vivendi étant condamné à verser 3 000 euros à Nicolas Vescovacci au titre des frais de justice ainsi que 8 000 euros pour « procédure abusive ».
L’abus de Bolloré nuit gravement à la justice
Il attaquait le journaliste Nicolas Vescovacci pour avoir posé des questions à Vivendi ; il est condamné pour « procédure abusive ». Une première.
Texte
Raphaël Garrigos et Isabelle Roberts
Photo
Patrick Bernard/Abaca