Dans la petite salle 2.03 du tribunal correctionnel de Paris, l’atmosphère est épaisse, poisseuse. Teint cireux, chemise blanche sur veste et pantalon noir, Jean-Marc Morandini alterne station debout, à la barre, et assis sur un strapontin devant ses avocates. À gauche, deux des plaignants, la vingtaine désormais, tendus comme des arcs, que leurs proches rassérènent d’une caresse sur la nuque, d’une étreinte. En fond sonore permanent, le cliquetis des ordinateurs des journalistes qui s’intensifie à tel moment particulièrement fort, à tel autre particulièrement glauque. C’est l’une des têtes de pont de l’empire Bolloré qu’on juge ce lundi 24 octobre : il était à l’antenne de CNews au matin de son procès, il l’a reprise ce mardi ; aucune mention n’a été faite de son affaire, ni dans son émission, ni sur la chaîne, trop occupée à remuer encore et encore le meurtre de Lola, pas plus chez Cyril Hanouna embarqué, lui, depuis une semaine et chaque soir sur C8, dans une violente croisade pour que la suspecte ne soit pas déclarée irresponsable mais envoyée illico au trou à perpétuité. Pas un mot sur le collègue de bureau, comme si de rien n’était de ces six heures trente éprouvantes, pénibles, gluantes au tribunal où Jean-Marc Morandini est poursuivi pour « corruption de mineurs ».
Il y a six ans jour pour jour, la grève s’enkystait à i-Télé, le dialogue était rompu entre la direction et les journalistes qui avaient démarré leur mouvement une semaine plus tôt (lire l’épisode 32, « Morandini, casting douteux à i-Télé »).