Ça ferait un beau Zapping de Canal+. Dans la série The Blacklist sur TF1, à une seconde de se faire gauler par le FBI, Liz trouve refuge à l’ambassade de Russie. Tschhh… Sur M6, dans ce Zone interdite consacrée au zoo de Beauval, on devrait bien trouver l’image d’un pauvre ouistiti houspillé par un gorille. Tschhh… Arte, Les Valseuses : On n’est pas bien, là, paisibles, à la fraîche, décontractés du gland ?
Tschhh… Oui, la véritable grille télévisuelle de ce mercredi soir ferait un beau Zapping pour résumer la journée de Patrick Menais, dans le viseur de Bolloré depuis des mois. Ce mercredi matin, ainsi que l’annonçaient Les Jours, le zappeur en chef a eu droit à son « entretien préalable au licenciement ». Suivi, dans l’après-midi, d’un comité d’entreprise (CE), obligatoire puisque Menais était candidat sur la liste de la CGT lors des dernières élections professionnelles. Lequel CE s’est prononcé à l’unanimité contre son licenciement.
Francis Kandel, l’élu CGT qui l’a accompagné à l’entretien à la DRH, l’a mauvaise. On vire Menais comme un malpropre et on garde Morandini ; c’est quoi, au juste, les valeurs qu’on défend dans cette entreprise ?
S’il n’est pas encore sûr que, du fait de ses activités de producteur de série à base de jeunes hommes, de foot et de vestiaires (mais surtout de vestiaires), Jean-Marc Morandini présente effectivement la tranche 18-19 heures d’i-Télé à la rentrée, il semble en effet certain que Patrick Menais soit sur le départ. Ce mercredi matin, « l’entretien préalable au licenciement » a été de pure forme. En face de Menais et Kandel, une des DRH du groupe Canal+ et un mutique Gérald-Brice Viret, le nouvel homme des programmes. Celui qui, fin juin, a justifié ainsi la suppression du Zapping : Nous avons souhaité l’arrêter ; dans toutes les chaînes où je suis passé, il y en avait un, ça n’a plus de sens.
L’après-midi, lors du comité d’entreprise, aucune huile de Canal+ ne s’est déplacée au sujet du licenciement de Menais, salarié de la boîte depuis 27 ans. L’avis défavorable du CE est simplement consultatif mais il devrait peser du côté de l’inspection du travail.

Car c’est désormais elle, du fait du statut de salarié protégé du patron du Zapping, qui doit donner son accord au licenciement. Et donc statuer sur la « faute lourde » que Canal+ a collée sur le dos de Patrick Menais. Pour virer un salarié protégé, seule peut être invoquée une « faute lourde » — ou « grave », le degré inférieur.