Sur l’enregistrement, on entend des soupirs, des toux nerveuses, incessantes, des putain, putain, putain
paniqués et chuchotés, de rares rires tendus, comme des hoquets. Une seule voix sonne fort et clair. Bien sûr, c’est celle de Vincent Bolloré. Les Jours se sont procurés l’enregistrement du « comité de management » au cours duquel Bolloré déclame sa stratégie pour Canal+. Il y aura du breton, il y aura du Bono, il y aura du Tsipras la cigale et du Merkel la fourmi.
Troisième fois qu’il met le couvert en ce 3 septembre, journée fondatrice dans la saga Bolloré qui le voit mettre la main sur Canal+. D’abord, il y a eu le comité d’entreprise, dont Les Jours ont publié la retranscription (lire l’épisode 6, « Bolloré : “La terreur fait bouger les gens” »), où il a annoncé son plan de bataille et détaillé le pedigree des nouveaux venus dans l’état major de Canal+. Puis il y a eu le conseil de surveillance, qui lui a officiellement donné les pleins pouvoirs, une formalité. Enfin, voilà le « comité de management » : une centaine des plus hauts cadres du groupe dont une bonne partie – près d’un tiers en tout – va apprendre qu’elle est virée séance tenante. Les remplaçants, d’ailleurs, sont déjà là, installés au premier rang. Parmi les cadres, pour conserver une trace dans un climat de méfiance, quelqu’un enregistre ce moment-clé : la prise de pouvoir de Vincent Bolloré.
Son arrivée dans le confortable auditorium de Canal+ à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), là où la chaîne organise conférences de presse et projections de programmes, jette un froid.