Cela fait aujourd’hui 18 jours que le photographe français Mathias Depardon, 36 ans, est retenu en Turquie, et depuis dimanche en grève de la faim. Indépendant, il a été arrêté le 8 mai à Hasankeyf, ville nouvelle située dans le sud-est du pays. Il était en reportage pour le magazine National Geographic, et plusieurs prétextes ont été successivement utilisés par les autorités turques pour justifier son arrestation, qui sonne comme un nouvel avertissement pour la presse étrangère, après la mise sous laminoir de la quasi totalité des médias turcs.
Dans un premier temps, des policiers ont reproché à Mathias Depardon de travailler dans une zone où se trouvaient des bâtiments militaires. Mais il n’avait aucune image de ces bâtiments dans son appareil. Alors ils ont relevé qu’il travaillait sans autorisation. Pour être journaliste, lorsqu’on est étranger installé en Turquie, il faut une carte de presse spécifique, délivrée par les autorités turques. Elle est indispensable pour obtenir et conserver ensuite un titre de séjour. Installé depuis cinq ans dans le pays, Mathias Depardon avait demandé le renouvellement de sa carte, mais ne l’avait pas encore obtenu, malgré plusieurs relances. Aucun refus, mais pas de réponse. La délivrance de ces cartes, qui n’était qu’une formalité voilà quelques années, devient un moyen de pression sur les journalistes étrangers.
Les policiers turcs, fouillant les profils sociaux du Français, lui ont ensuite reproché des photos publiées sur Instagram de combattantes kurdes photographiées à l’occasion d’un reportage voilà quelques années.