Non, ce n’est pas un sentiment de déjà-vu déjà-entendu. Le disque est bien rayé, qui tourne en boucle sur les mêmes paroles. Or, tout corps exposé à cette pénible expérience aura, selon les tempéraments, envie de fuir, de se boucher les oreilles, de se précipiter sur la machine pour l’éteindre… ou de taper dessus. C’est pareil avec certaines « idées » politiques, ressassées depuis des décennies, même quand elles ont démontré leur inefficacité à endiguer le chômage de masse ou à réduire les inégalités. On les entend sans les écouter. Et, de manière pernicieuse, leur petite musique répétitive contribue à nous éloigner de la politique.
Quelques mots suffisent à résumer ces basiques qui font socle à gauche comme à droite, pour mieux gesticuler ou digresser sur leur interprétation : dogme de la croissance, glaciation des institutions de la Ve République, priorité aux entreprises, baisse des dépenses publiques, culte de l’État fort (en tout cas prétendu tel)…
Le plus cocasse dans cette panne d’idées délibérée, c’est que les dirigeants politiques de tous bords vous diront qu’un type comme l’agriculteur et essayiste Pierre Rabhi est formidable, que ce qu’il préconise est un modèle, etc. Mais pas un pour commencer à mettre en œuvre ses propositions. Avec l’économiste Thomas Piketty, toute la gauche – enfin presque – s’est félicitée d’avoir un tel esprit capable, via la fiscalité, de refonder la redistribution et d’atténuer les inégalités sociales les plus avérées.