Le streaming musical serait-il parvenu à un moment-clé de sa jeune histoire, celui où il se démultiplie pour donner enfin leur chance à toutes les musiques ? Ces derniers mois, je n’ai fait qu’entendre cette complainte dans la bouche d’artistes et de maisons de disques aux profils très variés : ce monde-là n’est pas le nôtre ; on veut bien faire tous les efforts pour y prendre part, mais pour y faire quoi ?
Alexandre Cazac est le cofondateur du label InFiné (Rone, Labelle, Bruce Brubaker…) et dirigeait auparavant le bureau parisien du pilier de la musique électronique britannique Warp. Il connaît très bien le monde disparate des musiques de niches, celles qui s’agrègent dans ce qu’on appelait auparavant l’« underground » : tout ce qui n’est pas visible de tous mais mérite tous les efforts. La myriade d’artistes et de labels qui forment la grande masse vivace de l’écosystème musical. Pour lui, les années 2000, celles de l’implosion de la vieille économie du disque, ont dans un premier temps été une chance incroyable pour les maisons de disques indépendantes, qui ont commencé par « largement profiter » de l’accélération des échanges de musique.
À l’opposé d’un monde de rares magasins où beaucoup de disques ne trouvaient pas leur place, internet a créé en quelques années une circulation permanente et facilitée entre les artistes et les auditeurs.