Et si tout ce trèèèèès long débat autour de la nouvelle directive dite « copyright » de l’Union européenne (lire l’épisode 19, « Droit d’auteur : mêmes joueurs joutent encore »), finalement largement approuvée ce mercredi par le Parlement de Strasbourg à 438 voix pour et 226 contre, avait écarté les vraies questions que devraient se poser les musiciens aujourd’hui ? À savoir : quels revenus génère réellement YouTube ? Comment cet argent est-il distribué aux maisons de disques et aux sociétés gestionnaires des droits des auteurs ? Puis, comment ces dernières le restituent-ils in fine à leurs artistes ? À la place, c’est à un brillant verrouillage du système actuel que l’on a assisté, sous couvert de défendre « la création » et les beaux principes du droit d’auteur.
Comme je l’ai déjà écrit plus en longueur (lire l’épisode 1 de la saison 2 de La fête du stream), cette réforme du « droit d’auteur dans le marché unique numérique » visait dans un premier temps à harmoniser les législations dans le domaine, mais aussi à remettre à plat des lois héritées de la fin des années 1990 et régissant encore beaucoup de nos vies en ligne. Là-dessus s’est rapidement greffée la bataille médiatique qui oppose depuis quelques années le monde de la musique et la première plateforme d’écoute et de visionnage : YouTube, propriété de Google, accusé de profiter de la musique sans la rémunérer à sa juste valeur.
Peu à peu, le très vaste texte présenté par la Commission européenne en 2016 s’est ainsi résumé à deux articles qui ont concentré toutes les attentions : l’article 11, qui crée un droit dit « voisin » pour les éditeurs de presse, et surtout l’article 13, où s’est nichée la baston sur la musique.