En enquêtant ces dernières semaines pour comprendre comment la nouvelle concurrence des plateformes de streaming musical fait bouger les radios musicales dédiées aux 13-25 ans, un sujet n’en finissait pas de revenir sur la table : faut-il imposer les quotas de chansons francophones à Deezer, Spotify et consorts ? La question peut paraître saugrenue énoncée comme ça, mais elle est en réalité révélatrice de la maturité du streaming face aux vieilles radios FM. Le temps des responsabilités est-il venu ?
Les stations privées, notamment, n’ont aujourd’hui que le mot « régulation » à la bouche car elles dépendent de règles strictes d’avant internet, encadrées par le Conseil supérieur de l’audiovisuel, quand les plateformes en ligne sont libres de tous leurs mouvements et échappent à toute tutelle du même CSA. Pour Fun Radio, NRJ ou Skyrock, il faudrait donc intervenir au plus vite avant que Deezer et Spotify n’aient trois longueurs d’avance sur elles, lancées dans la même compétition avec deux jambes de bois et un collier de parpaings autour du cou. Antoine Baduel, directeur de la radio dance FG et vice-président du groupement Les Indés Radio, résume la situation côté FM : « Aujourd’hui, il y a une régulation qui crée une vraie rupture d’égalité entre les médias historiques et les plateformes. Pourquoi moi, chez FG, je dois programmer tant de morceaux chantés en français alors que dans la dance music il n’y en a quasiment pas, quand en face une playlist dance sur une plateforme de streaming n’est contrainte par rien ? »

En 1994, la loi Toubon, votée pour défendre notre belle laaaaangue fraaaaaaançaise face aux agressions du perfide anglais, a créé le principe de quotas radiophoniques. Depuis, les radios FM diffusées en France sont tenues de programmer au moins 40 % de chansons d’expression française. Peu importe la nationalité de l’artiste, tant qu’au moins la moitié du texte est chanté dans notre langue, c’est banco. À l’inverse, les succès des Daft Punk, systématiquement chantés en anglais, ne rentrent pas dans ces quotas. À cela s’ajoute l’obligation que la moitié de ces chansons francophones soient celles de nouveaux talents ou de nouvelles productions. Depuis, en 2000 et en 2016, ces règles ont été modifiées pour prendre en compte les