Ce samedi, c’est Disquaire day. La journée des disquaires, déclinaison française du « Record Store Day » lancé en 2007 aux États-Unis. Ce sera une journée folle dans les magasins, un deuxième Noël pour leur chiffre d’affaires. Partout, on verra des fans repartir avec les nouvelles chansons de Bob Dylan sorties en avant-première pour l’occasion, une bande originale inédite et surprenante de Pierre Vassiliu composée pour un obscur film de 1970, ou des remixes du récent album du groupe électronique Club Cheval. Ce sera une grande féerie de l’amour, une ode au 33 tours transporté dans un sac en tissu jeté sur l’épaule. Surtout, ce sera une preuve de plus que la dématérialisation de la musique, via le téléchargement puis le streaming, a encore besoin d’un contrepoint physique.
Mais dès lundi, le reste de l’année commencera et il sera dominé par une réalité moins Bisounours que les derniers chiffres claironnent : car les disques vinyle sont devenus tellement chers que la belle machine est en train de s’enrayer. 28 euros pour le nouvel album de Renaud, souvent 25 euros pour une nouveauté parmi d’autres. C’est 10 ou 12 euros de plus que le CD, 15 de plus que l’album en téléchargement sur l’iTunes Store. Une réédition en vinyle un peu travaillée peut quant à elle monter facilement à 30, 35 euros. C’est beaucoup d’argent quand Deezer, Spotify et YouTube sont gratuits, et beaucoup d’argent tout court même si on aime la musique.
J’en ai fait l’expérience il y a quelque temps, et c’est d’ailleurs le point de départ de cet article, en renonçant à acheter la réédition de Press Color, le premier album de Lizzy Mercier Descloux, que l’on ne connaît souvent que pour sa reprise tubesque des Mahotella Queens, Mais où sont passées les gazelles ?, sortie en 1984.