Dans l’histoire récente de l’exil fiscal, Bernard Arnault occupe une place importante. Qui ne se souvient pas de la demande de nationalité belge du patron de LVMH, l’homme le plus riche de France, et du tollé que cela avait provoqué ? On était alors en septembre 2012, quelques mois après l’élection de François Hollande, et le gouvernement, qui venait d’instaurer une taxe à 75 % pour les riches, vivait dans la peur d’un exil fiscal de toutes les grandes fortunes. Les médias s’étaient alors penchés sur les tours de passe-passe financiers d’Arnault, notamment le transfert d’une partie de son patrimoine en Belgique. Prenant peur devant cette mauvaise publicité, Arnault avait alors fait machine arrière et retiré sa demande de double nationalité. Bien lui en a pris, la presse a alors arrêté de s’intéresser à ses arrières-cours financières.
Il y avait pourtant encore beaucoup à dire. Cette histoire d’amour avortée entre Arnault et la Belgique n’est pas isolée. L’homme d’affaires cherche constamment à payer le moins d’impôts possible. À titre personnel, et pour son groupe. Et, pour cela, il a une prédilection particulière pour le Luxembourg. Comme beaucoup d’autres riches Français que Les Jours vous font découvrir épisode après épisode dans cette obsession, la onzième fortune mondiale (selon le classement en temps réel des milliardaires du magazine Forbes) est allée chercher au Grand-Duché opacité et fiscalité attrayante. Il suffit de lire le dernier rapport annuel de LVMH pour s’en rendre compte : dans le chapitre sur les filiales, on compte ainsi une quinzaine de sociétés qui y sont enregistrées. Derrière ces noms peuvent se trouver des entités ayant une réelle activité, comme la vente au Luxembourg d’objets de luxe, mais le plus souvent, ce sont des sociétés boîtes aux lettres qui détiennent des participations dans des activités bien loin de ce territoire. Les Jours ont ainsi décidé d’enquêter sur l’une d’entre elles, qui a pour nom « L Real Estate ». Derrière cette filiale se trouve tout un pan d’activité peu connu du milliardaire : l’immobilier commercial de luxe, détenu à travers des montages complexes afin de diminuer sa facture fiscale.
Se présentant comme « leader mondial des produits de haute qualité », LVMH est surtout connu pour être le propriétaire de marques de luxe de haute couture, de parfums et de joaillerie : Dior, Louis Vuitton, Bulgari… Mais peu de gens savent que, à la fin des années 2000, son PDG a aussi investi dans des hôtels et des centres commerciaux haut de gamme dans les pays émergents, notamment en Asie.