La grande évasion

Petit et brun, David Wagner aime à se présenter comme un « pitbull » plutôt « qu’un caniche » et revendique ses « origines mélangées » (il est d’origine française par sa mère). Tombé dès le lycée dans le militantisme politique, il a été secrétaire général des Jeunesses socialistes luxembourgeoises et a présidé l’Union nationale des étudiants du Luxembourg (Unel) de 2000 à 2002. Estimant que les socialistes luxembourgeois étaient trop libéraux, il a participé avec des militants issus du parti communiste à la création de Déi Lénk (« La gauche ») à la fin des années 1990. Historien de formation, il a travaillé comme attaché parlementaire d’un député de Déi Lénk puis comme journaliste à l’hebdomadaire Woxx. Il est député depuis avril 2015.

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Connu avant tout pour être l’un des seuls chefs d’État ou de gouvernement marié à une personne du même sexe (un architecte belge du nom de Gauthier Destenay qui l’accompagne lors des cérémonies officielles), Xavier Bettel est Premier ministre du Luxembourg depuis 2013. Ancien avocat pénaliste et ancien maire de la ville de Luxembourg (de 2011 à 2013), il est membre du Parti démocratique (le DP), une formation libérale. Il a réussi à prendre la succession de Jean-Claude Juncker – qui dirigeait le gouvernement du Grand-duché depuis 1995 – en s’associant avec le Parti socialiste et les Verts. Proche des milieux d’affaires, il se fait le relais des intérêts de la place financière. Mais il promeut aussi des réformes libérales en termes de mœurs : le mariage homosexuel a été adopté, mais le droit de vote des étrangers a été rejeté par un référendum.

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D’origine italienne, Donato Rotunno est né au Luxembourg et y fait toute sa scolarité jusqu’au bac. Il parle six langues (italien, luxembourgeois, français, allemand, espagnol et anglais). Après des études de cinéma en Belgique, il a créé sa maison de production, Tarantula, en 1995. Depuis, il a financé une vingtaine de longs métrages, pour la plupart des coproductions européennes : La Volante (de Christophe Ali, avec Nathalie Baye), La Différence, c’est que c’est pas pareil (de Pascal Laethier, avec François Berléand), Nue propriété (de Joachim Lafosse, avec Isabelle Hupert)… Il a aussi réalisé quelques films, le dernier étant Baby(a)lone, sorti en 2015, une histoire sur un couple d’adolescents luxembourgeois confronté à la violence, la drogue et la pornographie. Il est vice-président de l’Union luxembourgeoise des producteurs audiovisuels

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« Ni joviale ni intellectuelle, ni populiste ni populaire, ni apparatchik ni charismatique, ni technocrate ni animal politique. » C’est ainsi que l’hebdomadaire Lëtzebuerger Land décrit Francine Closerner. Longtemps journaliste politique – elle a travaillé à RTL Radio Lëtzebuerg et à RTL Télé Lëtzebuerg de 1992 à 2013 –, cette femme de 46 ans est proche d’Étienne Schneider, le leader socialiste du LSAP. Elle s’engage auprès de lui lors des élections législatives de 2013 et devient secrétaire d’État à l’Économie, à la Sécurité intérieure et la Défense. Elle s’investit avant tout dans le processus de « nation branding ». Quelques mois après sa prise de fonction, elle est commet un impair qui lui vaut une impopularité tenace : à Noël 2014, elle part au ski dans les Alpes avec la voiture de fonction du ministère. Prise sur le fait, elle répond que la pratique n’est pas interdite par le code de déontologie du gouvernement (ce qui est exact) et qu’« elle n’est pas bête au point de ne pas [se] renseigner à l’avance ». Une désinvolture et une arrogance qui indignent la population luxembourgeoise.

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Tout comme Stéphanie Gibaud (ex-UBS) ou Hervé Falciani (ex-HSBC), Antoine Deltour (ex-PricewaterhouseCooper, PwC) est un lanceur d’alerte français. En 2010, il a copié sur son ordinateur personnel des centaines d’accords fiscaux signés entre des multinationales et l’administration du Luxembourg. Il les a ensuite transmis au journaliste de « Cash Investigation » Édouard Perrin. Exploitées par le consortium de journalistes d’investigation ICIJ, ces révélations ont donné lieu en novembre 2014 à l’affaire LuxLeaks. Ce qui vaut à l’ex-salarié de PwC d’être poursuivi par la justice luxembourgeoise, notamment pour vol de documents. Aujourd’hui, Deltour vit à Épinal (sa ville natale). Il est père d’un enfant et travaille à Nancy comme chargé d’études pour l’Insee.

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Rentré en 2006 comme simple secrétaire chez PricewatershouseCoopers (PwC), Raphaël Halet vit dans un petit village près de Metz. En mai 2012, quand « Cash Investigation » révèle l’existence des tax rulings concoctés par PwC, il est responsable d’équipe au sein du service « Tax Process Support ». En clair, il est chef-archiviste : son travail consiste à scanner les documents de la firme. Selon ses dires, il découvre alors des « pratiques » qui le « choquent » et vont « à l’encontre » de ses « valeurs ». Il contacte ensuite Édouard Perrin et lui transmet 16 déclarations fiscales d’entreprises clientes de PwC. Son rôle est découvert par le cabinet d’audit en novembre 2014, après la publication par l’ICIJ – le consortium de journalistes d’investigation – de tous les documents. Il reconnaît alors les faits, et sous pression, signe un accord de confidentialité avec PwC. Son nom n’apparaît pas, même quand il est ensuite poursuivi par la justice luxembourgeoise. Il sort au grand jour au moment du procès, à partir du 26 avril 2016. Licencié par PwC, avec un préavis de six mois, il n’a pas retrouvé de travail depuis.

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Dans les émissions de « Cash Investigation » où les journalistes sont mis en scène au cours de leurs enquêtes, on voit beaucoup le visage d’Édouard Perrin, notamment lors de ses pérégrinations au Luxembourg. Mais l’homme n’aime pas se mettre en avant quand il s’agit de parler de lui. Après avoir été poursuivi pour vol de document par la justice luxembourgeoise, ce qui a provoqué le tollé international des sociétés de journalistes, Perrin est resté silencieux jusqu’au procès. L’homme s’exprime avant tout par ses reportages. Journaliste à France 2, où il s’était peu à peu spécialisé dans les enquêtes économiques (pour « Envoyé spécial » ou « Complément d’enquête »), il rejoint en 2011 la société de production Premières lignes, afin de lancer l’émission « Cash Investigation ». Pour sa première enquête, il s’intéresse à l’optimisation fiscale agressive des multinationales et met la main sur Antoine Deltour et ses centaines de rulings. Il réalise alors « Les petits secrets des grandes entreprises », une émission diffusée en mai 2012 qui lui vaut d’être récompensé par le prix Louise Weiss du journalisme européen. Tout en continuant à travailler sur d’autres sujets (il réalise une enquête sur le sucre, une autre sur le diesel), il n’a pas arrêté depuis de s’intéresser aux questions d’évasion fiscale. Les informations fournies par Raphaël Halet lui ont permis d’illustrer une seconde émission de « Cash Investigation » sur le sujet : « Le scandale de l’évasion fiscale » (2013). Puis, il a participé à l’enquête de l’ICIJ, qui donnera l’affaire LuxLeaks et à l’investigation sur les Panama Papers. Depuis un an, il avait pris un peu de recul en partant aux Etats-Unis. Invité par l’université du Michigan, il s’était vu doter d’une bourse pour étudier le journalisme collaboratif, notamment afin d’exploiter les fuites des lanceurs d’alerte.

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Énarque, auditeur à la Cour des comptes, Alain Lamassoure débute sa carrière en politique en devenant conseiller ministériel dans différents gouvernements de droite dans les années 1970, puis à l’Élysée sous Giscard. Membre de l’UDF, il est libéral et fédéraliste européen. Sa carrière politique s’est partagée entre les Pyrénées-Atlantiques, où il a été élu député sans discontinuer entre 1986 et 1997, et l’Europe. Une première fois élu député européen en 1989, il quitte ce poste pour devenir ministre entre 1993 et 1997 (d’abord aux Affaires européennes sous Balladur, puis au Budget sous Juppé). Depuis 1999, il a retrouvé sans interruption le Parlement de Bruxelles. Membre aujourd’hui des Républicains, il soutient Alain Juppé pour la primaire de la droite et du centre.

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Après Gaston Thorn et Jacques Santer, Jean-Claude Juncker est le troisième Luxembourgeois à présider la Commission européenne. Un signe de l’engagement européen du Grand-Duché et de sa capacité à présenter des candidats pouvant faire consensus parmi les « grands » pays. Juncker doit cette nomination à son pragmatisme et sa très bonne connaissance des institutions européennes. Premier ministre du Luxembourg de 1995 à 2013 (en même temps que ministre des Finances), il a été un artisan du traité de Maastricht et a longtemps présidé l’Eurogroupe (la réunion informelle des ministres des Finances européens). Présentant un visage affable en public (l’homme est blagueur et réputé à Bruxelles pour ses excès alcoolisés), le chrétien-social Juncker est un expert des négociations en coulisse : à Bruxelles, c’est lui qui réussit bien souvent à concilier les intérêts divergents de l’Allemagne et de la France ; au Luxembourg, il a dirigé des coalitions avec les socialistes. Mis en cause par l’affaire LuxLeaks, il a su rebondir en promettant de pousser la transparence fiscale en Europe.

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Figure éminente du monde des affaires, Marc de Lacharrière a d’abord eu une première carrière au sein de L’Oréal, dont il a occupé pendant les années 1980 le poste de vice-président. Puis, à partir des années 1990, il a créé la Financière Marc de Lacharrière (Fimalac) et a commencé une nouvelle carrière d’acheteur et de revendeur de sociétés. Il a ainsi été propriétaire de Facom (outillage électrique) et de l’agence de notation Fitch, sociétés ensuite revendues. Depuis maintenant dix ans, il investit avant tout dans les secteurs du divertissement et du numérique, ainsi que dans l’immobilier. Homme de réseaux, il est très proche de François Hollande, grâce à sa fondation Culture & diversité. En compagnie de Jamel Debbouze, associé et proche de Lacharrière, le président de la République assiste à presque tous les événements mondains de cette fondation d’entreprise.

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Avec son look de gérant de boîte de nuit à Saint-Tropez (dixit Télérama), Jacques-Antoine Granjon, dit « JAG », ne passe pas inaperçu dans le monde des patrons du net. À la tête de Vente-privee.com, leader français des ventes événementielles, il pèse aujourd’hui un milliard d’euros. Sa réussite, il la doit à une idée originale, qu’il a eue en 2001 : transposer sur le net le déstockage de marques en fin de série, un commerce qu’il avait développé dans les années 1990 avec des amis dans le Sentier. Aujourd’hui, Vente-privee.com brade de tout : vêtements, voyages, bouteilles de vins, CD, places de concerts, de théâtre ou de cinéma… Peu avare de confidences (les portraits et les interviews de l’homme pullulent dans la presse), JAG apparaît clairement comme un homme de droite. Mais cela ne l’empêche de s’affirmer proche de Didier Paillard, le maire communiste de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), où sont situés les locaux de Vente-privee.com.

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Femme politique danoise de centre-gauche, Margrethe Vestager s’est fait remarquer dans son pays en étant la plus jeune jeune présidente de parti (le petit parti social-libéral) et la plus jeune ministre (à 30 ans). Les scénaristes se sont inspirées de sa vie pour créer le personnage principal de la série télé Borgen. En 2014, elle est devenue commissaire européenne à la Concurrence sous la présidence de Jean-Claude Juncker. Son caractère intransigeant et sa lutte contre les multinationales en ont fait la star de la Commission. En août dernier, elle a demandé à Apple de rembourser 13 milliards d’euros à l’État irlandais au titre d’« aides d’État » contraires au droit de la concurrence.

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Né à Saint-Pierre-d’Oléron (Charente-Maritime) en 1930, Pierre Bergé débute dans la vie des affaires sans diplôme en devenant en 1950 le secrétaire particulier du peintre Bernard Buffet (et aussi son compagnon). En 1958, il rencontre Yves Saint Laurent et l’aide à monter sa propre maison de couture. Alors homme de droite (il a voté pour Giscard en 1981), l’homme d’affaires devient un soutien et un proche de François Mitterrand quand celui-ci est à l’Élysée. Il crée en 1987 le journal Globe et le met au service de la réélection du président de la République. Il est récompensé en étant nommé à la tête de l’Opéra Bastille. Il continue ensuite à soutenir la gauche (notamment Ségolène Royal en 2007), à l’exception d’un appel à voter Chirac en 1995 parce qu’il n’a pas supporté que Lionel Jospin, le candidat socialiste, critique Mitterrand. Il fonde le journal Têtu, ainsi que l’association Sidaction au milieu des années 1990. En 2011, il manifeste pour le mariage pour tous, ce qui lui vaut la haine de La Manif pour tous. Après plusieurs investissements dans la presse (Courrier international en 1990), il s’associe en 2010 à Xavier Niel et à Matthieu Pigasse pour prendre le contrôle du Monde (dont il est président du conseil de surveillance), puis, en 2014, du Nouvel observateur. Pierre Bergé est décédé le 8 septembre 2017.

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L’homme le plus riche de France (suivant les années, il est devant ou derrière Liliane Bettencourt) est un « total freak » du monde des affaires. Glaçant et prédateur, il a fait fortune dans le luxe en rachetant à partir des années 1980 des entreprises en faillite qu’il a restructurées ou en évinçant les actionnaires historiques. LVMH, son empire, est contrôlé à travers un écheveau impossible à démêler de holdings passant par la Belgique et le Luxembourg. Soucieux à l’extrême de son image – en temps normal, il contrôle tout –, il s’est lamentablement vautré lors de l’affaire de sa demande de nationalité belge, en 2012. Demande que, sous la pression, il a dû retirer.

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