Cheveux noirs de jais tirés en queue-de-cheval, opulente poitrine sous un corsage chamarré et gilet noir masculin de serveur. C’est ainsi que, le 11 septembre 2000, apparaît à la barre des témoins de la cour d’assises de Paris « madame Simone », de la rue Saint-Denis. Pour vilipender deux videurs et Joanna, une prostituée camée, accusés du meurtre d’une policière sur le périph’ à Paris neuf ans plus tôt. Indicatrice de la Mondaine, madame Simone, qui a alors dépassé les 70 ans, a le port de tête si altier qu’on la verrait bien arborer la coiffe des Bigoudènes. Mais la Bretonne a quitté depuis longtemps son Finistère natal pour faire carrière et le tapin à Paris.
Après des années de trottoir dans le quartier chaud de la rue Saint-Denis, Simone en a eu marre d’enchaîner les passes et de verser l’argent à des souteneurs propriétaires de studios. À 60 ans, l’âge de la retraite, Simone a donc décidé de monter à son tour son entreprise. Mais pour obtenir une « tolérance », la tenancière doit en retour informer les flics de la Mondaine. À partir de 1991, ses tuyaux permettent de démanteler des réseaux de proxénètes. En échange, Simone peut accueillir dans ses deux studios rue Blondel et rue Saint-Denis des filles qui lui versent chacune un loyer de 5000 francs minimum. Mais cet arrangement ne durera pas.
Le nouveau chef de la brigade de répression du proxénétisme (BRP), Yves Castano, ne supporte pas trop les deals avec les indics à l’ancienne comme Simone, ce mal nécessaire mais acceptable
, à condition qu’il contribue efficacement à la lutte contre la délinquance
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