Le « smiling killer » a encore frappé. Mais si, vous savez, ce tueur d’humoristes en série. Celui qui a décidé d’éradiquer toute rigolade des médias qu’il dirige, oui, c’est ça, Vincent Bolloré, le « tueur au sourire », c’est l’un de ses surnoms. Le tueur de sourire, plutôt : il vient de commettre sa première liquidation d’humoriste à Europe 1 puisque, selon les informations des Jours, Bertrand Chameroy a été licencié de la radio ce jeudi matin. Il n’aura pas fallu longtemps à Vincent Bolloré : l’assemblée générale du groupe Lagardère entérinant son entrée via Vivendi comme premier actionnaire a eu lieu mercredi (lire l’épisode précédent, « Lagardère : 99 minutes pour survivre à Bolloré »). Et jeudi, couic, Chameroy.
Pourtant, l’humoriste, qui tenait une chronique dans la matinale et intervenait également dans Culture médias, l’émission de Philippe Vandel, avait signé pour une saison deux à Europe 1 très tôt, à l’automne dernier même, selon nos informations, histoire de verrouiller sa présence à l’antenne pour 2021-2022, une décision prise par la présidente du pôle news de Lagardère, Constance Benqué. Qui vient donc d’être contredite. C’est le directeur des programmes de la station, Stéphane Bosc, qui s’est chargé de la mauvaise nouvelle. Dont il n’est que le messager. Il a expliqué à Chameroy que Constance Benqué et lui se sont battus pour lui mais qu’ils n’ont rien pu faire, la décision vient d’en haut. Et plus haut que Constance Benqué, il y a qui ? Officiellement, Arnaud Lagardère, mais surtout plus haut encore, Vincent Bolloré.

Ça ne vous rappelle rien, lecteurs attentifs des Jours ? Sébastien Thoen bien sûr. Viré en novembre 2020 par Maxime Saada qui fait office de président de Canal+ (lire l’épisode 144 de L’empire, « Bolloré : souriez, vous êtes viré »). Lui non plus n’avait rien pu faire, là aussi ça venait de plus haut, « décision de l’actionnaire » avait dit Saada à Thoen, dont la très grande faute avait été de parodier L’heure des pros de la filiale populisto-droitière CNews. Déclenchant au passage un marasme au service des sports de Canal+, puisque tous ceux qui ont osé exprimer leur soutien à Thoen ont été, en six mois, l’objet d’une purge qui compte pour l’heure 26 victimes (lire l’épisode 164 de L’empire, « Canal+ : les sports de l’angoisse »). C’est à ça qu’on reconnaît les tueurs en série : ils ont toujours le même mode opératoire.
En guise d’explication à Bertrand Chameroy