Dans les salons Ricard à côté de la place de l’Étoile à Paris, crâne rasé, costume noir, le préfet Jean-Louis Fiamenghi, personnage du 36 issu de l’antigang, arrose la sortie de ses mémoires, Dans le secret de l’action. Ce soir du 17 février 2016, verre d’anisette à la main, une ribambelle de grands flics de droite – pour la plupart virés par la gauche à son retour au pouvoir en 2012 – encerclent leur copain « Fiam », reconverti lui aussi dans le privé, à la tête de la sûreté de Veolia, l’ex-Générale des eaux.
À commencer par ses potes des années 70 au Quai des Orfèvres, tel Ange Mancini, parti de rien comme lui, devenu patron du Raid avant lui, qui a fini préfet coordonnateur du renseignement à l’Élysée, et passe aujourd’hui sa retraite chez Bolloré comme conseiller Afrique. Il y a aussi son coéquipier de la BRI, « Jo » Querry, avec sa gouaille et ses grosses lunettes, chef de la sécurité du groupe Casino. On le reconnaît sur les photos projetées sur le mur à côté de Fiamenghi en 1979. Il pose avec ses collègues de l’antigang dans les égouts de la Société générale de la rue des Saints-Pères à Paris, où ils ont coincé un gang de braqueurs en sous-sol. L’ex-commissaire Danielle Thiéry, l’une des premières femmes divisionnaires de la PJ, romancière de polars réalistes, vient embrasser Fiam avec Christophe Baroche, psychologue au Raid, qui soufflait les réponses aux négociateurs.
D’autres invités, de la génération suivante, rappliquent au pot, comme l’actuel directeur de la PJ de Paris, Christian Sainte ou Christian Flaesch, son prédécesseur évincé fin 2013 qui chapeaute aujourd’hui la sécurité d’Accor.