Accent traînant de titi parisien, santiags de cow-boy et costume de dandy, le commissaire Philippe Féval, alias « Crin blanc » en raison de la couleur de ses cheveux, assure la permanence à la 5e brigade territoriale, le 9 mars 1987, lorsqu’une fusillade éclate place du Panthéon, à Paris. À 3 heures du matin, trois jeunes gens tirent sur une patrouille de police, s’enfuient en voiture, sont rattrapés place d’Italie et ramenés au poste, boulevard de l’Hôpital. Philippe Féval interroge Édouard, 23 ans, rejeton du prince Louis de Faucigny-Lucinge, ancien préfet de l’Orne devenu trésorier-payeur général. Ce garçon en blazer bleu, censé plancher à Sciences-Po, lui avoue trois vols à main armée, déjà commis avec ses deux amis étudiants, l’un en philosophie, l’autre en économie : un hôtel, une armurerie et une bijouterie.
Crin blanc, lui-même fils de bonne famille, débride ce galopin de la haute société : « Édouard me raconte qu’ils avaient besoin d’un uniforme de gardien de la paix et sont allés au domicile de Laurent Fabius [tout juste ex-Premier ministre, ndlr] au Panthéon pour buter un flicard de faction et lui voler sa tenue. » Mais dans quel but ? Édouard finit par tout déballer : Déguisés en policiers, les trois voulaient enlever Charlotte Gainsbourg à la sortie de son école dans le XVIe, et réclamer à son père cinq millions de francs. Ils avaient fait des repérages devant le lycée, trouvé une maison de campagne et même acheté des pelles pour l’enterrer.
Le commissaire Féval part immédiatement prévenir Jane Birkin
pour protéger sa fille de 16 ans et s’apprête à aller chez Gainsbourg.