«Sorry for my English. It’s difficult for me. » Le prof de maths des 3e B prend une courte respiration pour se donner du courage et se lance, en anglais, dans une explication sur le calcul de l’indice de masse corporelle, the body mass index donc. Quand il bute, il demande au prof d’anglais, à côté de lui, how do you say that ?
Ce vendredi matin de janvier, les deux enseignants font ensemble cours de maths en anglais, sur le thème de l’obésité et de la nourriture. Il y a au tableau des données statistiques comparées sur le poids des Américains et des Français. Les élèves vont devoir répondre à des problèmes posés en pounds et feet. Ce cours donne un aperçu de ce que pourrait donner un des pans de la réforme du collège : l’introduction de l’interdisciplinarité. En langage Education nationale, cela se prononce EPI (Enseignements pratiques interdisciplinaires).
Depuis plusieurs mois, les enseignants d’Aimé-Césaire travaillent à la préparation de la réforme et réfléchissent, entre autres, à ce que pourraient être ces enseignements interdisciplinaires. Les maths étudiées en langues étrangères sont une piste parmi d’autres. Comme les Sciences et vie de la terre (SVT) et la techno, ou comment expérimenter concrètement la science. Ces EPI doivent être réalisés autour de thématiques concrètes pour les élèves (enfin, en tout cas concrètes pour ceux qui ont pensé la réforme), comme « La transition écologique et le développement durable » ou, moins lisible à première vue, « Corps, santé, bien-être et sécurité ». L’idée étant de donner plus du sens à ce que l’on apprend en classe.
Le cours de maths en anglais de ce vendredi matin pour les 3e B d’Aimé-Césaire n’a pas été préparé dans le cadre de la réforme (qui sera mise en place à la rentrée 2016) mais autour d’un café
, lors d’une discussion entre deux enseignants qui avaient envie de tester une expérience avec leurs élèves. Même semi-improvisée, l’expérience est intéressante et semble amuser les élèves. Bien au-delà du fait d’entendre le prof de maths galérer en anglais et se faire reprendre par son collègue : “Doooooon’t” ? Are you sure ?
Euh, non, “doesn’t”, of course.
Please, be quiet !
Dans la classe, les élèves n’ont ni le même comportement qu’en cours d’anglais, ni qu’en cours de maths. Ainsi, Rayan, habituellement fâché avec les maths mais très bon élève en anglais, multiplie les interventions aujourd’hui. On sent que cela permet à certains élèves de débloquer des choses, de se donner confiance
, remarque le prof de maths.