Souvenir de campagne présidentielle. Nous sommes au QG d’Emmanuel Macron, dans le XVe arrondissement parisien, le jour de son ouverture à la presse. Les journalistes sont conviés par petits groupes à visiter les lieux, dans une ronde bien organisée, qu’ils tentent de briser pour attraper une photo originale ou une parole un peu libre. Parmi leurs « guides », chargés aussi de les avoir à l’œil, l’attachée de presse Sibeth Ndiaye est l’une des plus bavardes. Le contact facile, elle tutoie presque instantanément les journalistes et assume une parole franche : « Moi, je parle cash, comme le chef. Il est direct, il dit ce qu’il pense. » Le chef, c’est évidemment Emmanuel Macron, dont Sibeth Ndiaye fut la conseillère presse à Bercy avant de le suivre dans l’aventure En marche puis de devenir sa conseillère presse à l’Élysée. La franchise du président de la République a, depuis, beaucoup contribué à son impopularité. Celle de Sibeth Ndiaye pourrait aussi lui valoir quelques déboires à son nouveau poste : secrétaire d’État et porte-parole du gouvernement. « J’assume parfaitement de mentir pour protéger le Président », disait-elle à L’Express en juillet 2017. Cet aveu on ne peut plus limpide est ressorti tout de suite après sa nomination, dimanche soir.
L’interlocutrice des journalistes est désormais en pleine lumière. Il en va ainsi des conseillers nommés au gouvernement, l’un des itinéraires les plus classiques du pouvoir : Claude Guéant, directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy et secrétaire général de l’Élysée devenu ministre de l’Intérieur, avant lui Dominique de Villepin, aussi secrétaire général de l’Élysée sous Jacques Chirac, devenu ministre et Premier ministre, ou encore Élisabeth Guigou, conseillère technique à l’Élysée sous François Mitterrand, puis ministre de la Justice et ministre de l’Emploi sous Lionel Jospin… On pourrait multiplier les exemples. Sauf qu’en matière de com, les choses ne sont pas aussi systématiques. Rares sont les anciens attachés de presse en cabinet à avoir décroché un maroquin ministériel. Bien avant Sibeth Ndiaye, un certain Manuel Valls fut chargé de la communication et de la presse au cabinet de Lionel Jospin, à Matignon, de 1997 à 2002, pendant toute la durée de la mandature, sans récupérer le moindre portefeuille – et ce malgré son statut d’élu, déjà, au conseil régional d’Île-de-France et à la mairie d’Évry.