C’est une « omission par oubli » fort malvenue. Le haut-commissaire aux retraites, Jean-Paul Delevoye, qui porte depuis près de deux ans la réforme voulue par Emmanuel Macron, entretient des liens avec les assureurs. Il a admis ce lundi avoir « oublié » de mentionner sa fonction d’administrateur depuis 2016 de l’Institut de formation de la profession de l’assurance (Ifpass) dans sa déclaration d’intérêts rendue publique ce samedi sur le site de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), comme l’a révélé Le Parisien. L’Ifpass, proche de la puissante Fédération française de l’assurance (FFA), est l’organisme de formation de référence du secteur, à raison de plusieurs milliers de personnes par an. Selon le rapport annuel 2017 de l’institut, la FFA lui a apporté cette année-là 2,17 millions d’euros de subventions et 900 000 euros au titre d’un emprunt obligataire.
Dans un premier temps, Jean-Paul Delevoye a mis en avant une fonction « bénévole ». La ligne de défense n’a tenu que quelques heures. À la mi-journée, il annonçait avoir quitté le conseil d’administration de l’Ifpass. Ce conflit d’intérêts, devenu un problème récurrent des conseillers du pouvoir macroniste, a semé un peu plus le trouble sur le projet de réforme dite « universelle ». Massivement rejetée dans la rue jeudi dernier, par près d’un million de personnes, elle est à nouveau contestée ce mardi lors d’une nouvelle journée de mobilisation. Dans un système par points, les pensions pourraient baisser. La capitalisation damer le pion à la répartition. Et les assurances privées être parmi les grands bénéficiaires du nouveau dispositif.

L’affaire affaiblit le haut-commissaire, déjà contrecarré à maintes reprises dans ses velléités de réforme (lire l’épisode 8, « Retraites : le pouvoir fait de l’hypertension »). Le Premier ministre, Édouard Philippe, prend nettement la main : les dernières discussions avec les partenaires sociaux ont eu lieu à Matignon et c’est lui qui rendra public le texte de la réforme ce mercredi à la mi-journée. Les déboires de Jean-Paul Delevoye incarnent les atermoiements d’Emmanuel Macron sur un dossier sensible, repoussé plusieurs fois. Nommé en septembre 2017, il correspond alors au casting idéal. Ancien président du Conseil économique social et environnemental (Cese) de 2010 à 2015, ancien médiateur de la République, celui qui s’est rallié à Emmanuel Macron pendant la présidentielle semble tout désigné pour entamer les discussions avec les syndicats.