Nancy, envoyée spéciale
Nancy sous un ciel plombé, dernier vendredi de juin. Il est 19 h 30, les rues se vident, le week-end commence. Sur le campus flambant neuf construit à quelques stations de tram de la place Stanislas, Charles Hufnagel, silhouette longiligne dans un costume sombre, affiche une mine réjouie. Le conseiller en communication du Premier ministre Édouard Philippe demande aux journalistes de le photographier, à l’aide de son téléphone portable, avec le ballet des ministres défilant dans son dos. Histoire d’être sûr de ne pas rater son selfie. Il accompagne le chef du gouvernement pour une séance de « team building » gouvernemental – que Matignon a sobrement intitulée « séminaire », évitant le langage « start-up » que les macronistes affectionnent. Les ministres et secrétaires d’État ont été conviés à se retrouver au calme, en dehors de Paris, pour souder les troupes, un peu plus d’une semaine après le remaniement post-législatives. Seul Nicolas Hulot, le numéro 2 du gouvernement, manque à l’appel, pour cause d’inauguration de la LGV Paris-Bordeaux. Tout a été orchestré : ils arrivent groupés, dans un bus commun affrété depuis la gare. À bord, aucun collaborateur ne les accompagne.
Les ministres ont en effet été priés de venir cette fois-ci sans aucun membre de leur cabinet, à l’exception d’un officier de sécurité. Motif officiel : les intermédiaires peuvent nuire à la cohésion gouvernementale. Pour ce séminaire, Matignon veut que les ministres se parlent directement « pour que les choses soient dites », selon la formule de Christophe Castaner, le porte-parole du gouvernement. En réalité, derrière ce week-end d’intégration, le Premier ministre cherche à imprimer sa marque sur un gouvernement largement composé par Emmanuel Macron, obsédé par le contrôle de ses troupes.
Dircab de Matignon, c’est le poste le plus difficile du gouvernement. Il faut passer sa vie dans les guéguerres entre ministres.
Pas de conseillers ? Enfin, sauf ceux de Matignon, qui ont été autorisés à faire le déplacement. Outre Charles Hufnagel, il y a le chef de cabinet adjoint, Mohamed Hamrouni, la conseillère presse, Zélia Cesarion. Mais surtout Benoît Ribadeau-Dumas, directeur de cabinet du Premier ministre, garant de la cohésion interministérielle, était lui aussi assis à la table des réunions. Sa mission : répercuter la substance des échanges auprès des dircabs des autres ministères, une fois de retour à Paris. Au menu des discussions : sécurité, éducation, économie et finances publiques, au lendemain du