Le suspense était total. Pas tant sur le résultat du deuxième tour de la primaire de gauche mais sur la façon dont la télé allait accueillir celui qui en sortirait vainqueur et aussi celui qui en sortirait vaincu. Au fur et à mesure qu’enflait le vote pour Benoît Hamon tout le long de la – courte – campagne, le discours de Manuel Valls contre son rival a résonné en une parfaite stéréo à la télé et dimanche 22, au soir du premier tour, c’était un festival de tirage de tronches.
Et un festival de commentaires scrogneugneu aussi, d’où ressortait que le journaliste et surtout l’éditorialiste n’avaient pas vu venir Hamon, et qu’ils n’aiment pas ça, ne pas voir venir les choses. Alors, dimanche dernier, ils ont fait du petit bois de Benoît Hamon. « Sa position est un refus du réel », pour Ruth Elkrief, sur BFMTV. Sur la même BFMTV, Anna Cabana était toute chonchon : « Ils ont choisi une gauche qui ne va pas gagner. » Sur France 2, c’est Franz-Olivier Giesbert qui, toujours coiffé de son invisible entonnoir, tempêtait contre « un programme économique totalement surréaliste sinon dadaïste » et, entre autres fines comparaisons à base de « trumpisme de gauche », signait l’arrêt de mort de Hamon (ainsi que son propre internement d’office) : « C’est un suicide auquel on assiste au PS. » Toute ressemblance n’est évidemment pas fortuite avec le slogan anti-Hamon de Valls qui faisait du deuxième tour le moment du choix « entre la défaite assurée et la victoire possible ». On vous laisse trouver qui incarne la défaite assurée et la victoire possible.
Le réalisme, c’est bien mais quand c’est trop réaliste, c’est un peu gris.
Mais ce dimanche, alors que les résultats n’étaient pas encore connus mais que déjà du côté du QG vallsiste du deuxième tour, à la Maison de l’Amérique latine, les tronches étaient tirées et les journalistes parlaient déjà de l’ex-Premier ministre à l’imparfait, un discret retournement de veste semblait se profiler. Sur BFMTV, Hervé Gattegno, directeur du