«La gauche vous remercie ! » Ainsi s’exclame l’assesseur de ce bureau de vote du XXe arrondissement de Paris serrant la main d’un homme qui n’a pas quitté son tablier de chez Franprix pour aller voter pendant sa pause. Ici, où on vote sérieusement à gauche (Martine Aubry en 2011 et Alain Juppé en novembre), la participation au premier tour de la primaire socialiste n’est pas fofolle, comme dans le reste de la France. 400 000 électeurs à 13 heures, 1 million à 17 heures, sur 70 % des bureaux. Sachant que le premier secrétaire du Parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis a établi la « réussite » du scrutin dans une fourchette entre 1,5 et 2 millions d’électeurs.
À la mi-journée, Christophe Borgel, le député PS en charge de l’organisation de la primaire, mettait le maigre chiffre sur le compte d’une température « plus que polaire ». C’est ça, l’électeur de gauche : ça reste dans son lit douillet. Mais finalement, il aura fini par en sortir, enfin à peu près, pour une participation qui pourrait friser les 2 millions. « Nous avons réussi ce premier tour de la primaire », déclare Cambadélis à 20 heures, sans citer de chiffre, laissant la priorité à la Haute autorité de la primaire. C’est bien moins qu’en 2011 (2,7 millions de votants), bien moins que la droite mais tout de même pas complètement ridicule, avec moins de bureaux que lors de la primaire qui avait sacré François Hollande. Un François Hollande qui, en visite au Chili, n’est pas allé voter, au fait.
À l’heure où nous écrivons ces lignes, nous ne savons rien du tout, accrochés comme tout le monde aux images des chaînes info pour essayer d’y lire un oracle. Nous ne savons ainsi rien de la liesse en train de monter sur la péniche louée (3 000 euros) par Benoît Hamon. Rien de l’ambiance beaucoup plus fraîche au QG d’Arnaud Montebourg, ni de celle tout aussi dans l’expectative à la Maison de l’Amérique latine réservée par Manuel Valls.
20h36, Hamon contre Valls
Thomas Clay, président de la Haute autorité de la primaire, prend enfin la parole, tête d’enterrement, invitant d’un ton lugubre son équipe à se placer derrière lui. « Aucun réel problème ce soir, sinon des incidents marginaux », jure-t-il (même si des journalistes ont réussi à voter deux fois). « Entre 1,5 million et 2 millions de votants », dit-il, penchant plutôt vers les 2 millions : « Des résultats satisfaisants compte tenu du contexte. » Roulements de tambour – ce Thomas Clay sait ménager ses petits effets –, il annonce des résultats portant sur 3 090 bureaux de vote.