Nous sommes en guerre. Nous sommes en guerre contre le terrorisme, nous sommes en guerre contre l’insécurité, le chômage, les inégalités, le froid, contre la guerre elle-même mais surtout, nous sommes en guerre contre nous. Pardon de subtiliser son martial « Nous sommes en guerre » à Manuel Valls servi à toutes les sauces mais voilà : la primaire du PS est en train de sérieusement tourner vinaigre. On se chicane, on se griffe, on se cherche des poux et le troisième débat télévisé, ce jeudi soir à partir de 20h55 sur France 2, promet de savater sévère.
En fait, il nous faut l’avouer, on l’espère, la bagarre, tant cette pauvre primaire dite de « la belle alliance populaire » – un nom dont on oublie un peu trop souvent de se moquer – semble se dérouler sous l’œil bovino-ferroviaire d’à peu près tout le monde hormis les candidats et les journalistes, heu, oui, dont nous, on est d’accord. Enfin, les journalistes qui ne sont pas occupés à commenter les moindres faits et gestes d’Emmanuel Macron qui profite du vide pour l’occuper de visite de QG en appel à candidatures en ligne pour les législatives.
Il y a à peine un mois, c’était tellement mignon. Depuis son QG de campagne, Benoît Hamon donnait du « Manuel » à Valls et de l’« Arnaud » à Montebourg. Inaugurant le sien, Manuel Valls, fesse posée sur la table, était un angelot qui voulait « une campagne positive ». Et puis, petit à petit, alors que raccourcissent les jours jusqu’au premier tour de dimanche, la tension. Les mots se durcissent, l’ambiance itou ainsi qu’en témoigne la gifle à Valls, et les idées de même. Exemple avec cette maxime du même Valls, ce mercredi lors d’une réunion publique près de Limoges, qu’on vous livre ici sans plus de commentaires : « La gauche que j’incarne, celle de l’État d’urgence. »

Arnaud Montebourg désigne désormais Valls comme « l’ancien Premier ministre. » Valls daube le « farniente » du revenu universel promu par Hamon, Montebourg renchérit, balaye une « idée prospective », « expérimentale ». François Kalfon, le directeur de campagne de Montebourg et Mathieu Hanotin, celui d’Hamon, comme des candidats en version culottes courtes se bouffent le nez sur les réseau sociaux sur fond de Carambar. « Gauche Carambar ! » balance le premier (car c’est là, estime-t-il, qu’Hamon aurait pioché son programme). Tu veux le voir mon gros meeting, lui répond en substance le second, lui adressant sur Twitter la photo d’une salle totalement comble pour son champion.
Mercredi soir, pim, pam, poum, ça fusait simultanément d’un meeting à l’autre, de celui de Montebourg à celui d’Hamon et de celui d’Hamon à celui de Valls.