Allons-y mollo. On n’allait pas se plonger directement dans le bouillant chaudron d’un meeting caréné sur mesure pour l’un des gros candidats à la primaire de droite et du centre. Plutôt qu’un Juppé, Sarkozy ou même Le Maire cornaqués par des armées de spin-doctors, Jean-Frédéric Poisson. Plutôt qu’un Zénith chauffé à blanc où la foule scande sur commande le nom de son champion, une moche salle de la Société nationale d’horticulture de France. Car c’est là, dans l’arrière-cour d’un chic immeuble du non moins chic VIIe arrondissement de Paris que, mardi dernier, le président du Parti chrétien-démocrate (PCD) tenait réunion publique.
C’est la 56ème ou 57ème, lui-même ne se souvient plus. Mais Jean-Frédéric Poisson sait en revanche ce qu’il doit à la Société nationale d’horticulture de France : c’est ici, il y a quinze ans, qu’a éclos le parti dont il porte les couleurs dans la primaire. Quinze ans mais le PCD reste encore en bouton : 10 000 adhérents revendiqués (238 000 affichés par Les Républicains), un député (Poisson), cinq conseillers régionaux et une fondatrice en forme de totem, Christine Boutin. C’est sur elle, la croisée anti-mariage pour tous, qu’on tombe direct en arrivant dans le hall de la Société nationale d’horticulture de France, celle qu’ici, on n’appelle que Christine
.
Pile au centre de l’accueil où sont mis à disposition des exemplaires de Jardins de France et autres Guide des roseraies en Europe, Christine
, donc, pull-châle et boucles d’oreilles en pampilles, est l’objet de toutes les attentions. A droite, on a aligné sur des chaises de très très vieilles personnes. Sur leur visage, cet air égaré propre aux maisons de retraite. L’une d’elle, le chéquier en mains, a tout de même entrepris la traversée du Styx pour se rendre de l’autre côté du hall où, sur des tables, on vend le livre de Jean-Frédéric Poisson (à la fin, une dame lui demandera une dédicace Pour Isaure et Pierre-Marie
). Le sujet : les soins palliatifs.
Non, moi, je ne suis dans aucun parti mais je le vois chaque dimanche à la messe.
Parmi les rares jeunes – où prédominent blazer bleu-marine et cheveu bien rangé –, des Anne-Charlotte mais aussi des Marie-Charlotte ainsi qu’un garçon arborant, épinglé juste au-dessus du crocodile Lacoste, un pin’s du Sacré Cœur. Un militant pro-Poisson ? Non, moi, je ne suis dans aucun parti mais je le vois chaque dimanche à la messe.
Par petites grappes, le public entre dans la salle. Notre voisin dans les gradins