Allez, cette fois, terminé de finasser : derrière nous la télé (lire l’épisode 1), fini les petits Poisson (lire l’épisode 2), plongeons dans le grand bain, plouf, sans nous boucher le nez. Imaginez, les six gros de la primaire de droite d’un coup. Un rêve humide d’Alain Duhamel. Un fantasme torride de Jean-Michel Aphatie. Jean-François Copé, François Fillon, Alain Juppé, Nathalie Kosciusko-Morizet, Bruno Le Maire et Nicolas Sarkozy tous servis dans la même journée, sur un même plateau d’argent, celui de la maison de la chimie, dans le VIIe arrondissement de Paris. « Les primaires de l’économie », ça s’appelle. Et c’était, toute la journée de mardi à l’invite d’associations patronales aux noms riants – Croissance plus, France digitale, Acsel, Meti, France Biotech –, le grand test comparatif des candidats de droite en matière d’économie. Oui, aux Jours, on ne se refuse rien.
Hop, on s’inscrit. C’est réservé aux entrepreneurs ? Même pas peur parce que, figurez-vous, nous en sommes, désormais, des entrepreneurs. Eh oui, nous avons cofondé cette petite merveille de pixels que vous êtes en train de lire : Les Jours. C’est donc pas dépaysés du tout que nous nous rendons à la maison de la chimie d’un pas ferme et décidé d’entrepreneurs du numérique prêts à croquer du politique. À l’entrée, en attendant que ça commence, ça disserte entre chefs d’entreprise sur la présidentielle : « Le pire, juge l’un, c’est si on se retrouve avec Hollande, Sarkozy et… » « Marine », complète l’autre un ton au-dessous. « Oui, ohlala, on s’y dirige tout droit », se désespère un troisième. « Oui, le bordel, reprend le premier, c’est si c’est Sarkozy, ça veut dire que Bayrou se présente et là, c’est le bordel, on va avoir tout le monde : Sarkozy, Bayrou, Macron… » Le deuxième d’un air docte : « Non, le seul que je vois, c’est Juppé. Pourtant, tout le monde dit que le plus sérieux, c’est Fillon… » Et les trois en chœur : « Fillon, non, ahlala. »
Plus riches de cette fine analyse, on entre. À l’intérieur, tous nos nouveaux confrères du numérique sont là : PriceMinister, PrestaShop, Dragon rouge, des fonds d’investissement au nom de médicaments ou de maladies cheloues, de la biotech en veux-tu en voilà, et même Yvon Gattaz, l’ancien grand sachem du CNPF. On se reconnaît tous au badge enfilé autour du cou qui reprend le logo bleu (horizon) du raout, figurant un graphique avec une flèche à la verticale pointant vers le haut : la croissance, baby.

« Salut Gonzague ! » Hé ouais, on est comme ça, nous les entrepreneurs, on s’appelle Gonzague, on porte des cravates, des costards de prix, de la chaussure pointue, de la mâchoire carrée.