En cinquante-neuf jours, depuis le premier épisode des Grands primaires, il nous a fallu faire bouger nos propres lignes. Rester dans notre couloir, celui des Jours, mais en même temps changer de logiciel afin de jouer notre partition dans la primaire de la droite et du centre. Garder une dynamique ne fut pas toujours évident – rapport à la grève à i-Télé que nous couvrîmes – mais ce dimanche démarre une nouvelle séquence : nous sommes devenus des journalistes politiques. Et comme des vrais journalistes politiques, voilà que, désormais, on parle ce sabir si particulier à base de « bouger les lignes », de « changer de logiciel » et de « garder une dynamique ». C’est dire si on a renversé la table. Car oui, maintenant, on « renverse la table ». Alors que, en ce dimanche soir si décisif (pardon, la dernière ligne droite), on saura enfin qui s’est ramassé la tronche contre les urnes (pardon, qui est le troisième homme) et qui va filer tranquillou bilou vers le deuxième tour (les deux qui ont une stature présidentielle, en somme), on a décidé de faire une analyse politique.
Le but ultime de cette primaire, on le sait, c’est de devenir « PR ». Mais comme il n’y a pas de place pour tout le monde, certains se contenteront d’être « PM ». Ah on voit bien que nous ne pratiquez pas le langage de nous autres journalistes politiques qui sommes de tous les « VO ». On vous explique, simples mortels : le « PR », c’est, ainsi que nous le désignons entre journalistes politiques, le président de la République ; le « PM », c’est le Premier ministre et les « VO », les voyages officiels. Ceux où nous discutons avec « un ténor du parti », « un poids-lourd de la majorité », « un fidèle de la première heure », voire « un proche du Premier ministre » (c’est-à-dire son conseiller com), un « visiteur du soir » (un « proche » en goguette à Matignon ou à l’Elysée et qui fait ensuite sa pipelette auprès des journalistes) ou, si on a du bol, « une source au plus haut sommet de l’état », soit le PR en personne. L’ivresse de l’altitude.

Mais on n’y est pas encore, à fréquenter les nouvelles « têtes de l’exécutif », revenons à notre campagne de la primaire de droite et à cette « confrontation à sept ». S’il en est un qui a fait « bouger les lignes », c’est bien Jean-Frédéric Poisson. On vous explique : il a pris les lignes censées marquer une démarcation entre droite et extrême droite, les a secouées et les a jetées par dessus son épaule, se déclarant prêt, sur