Comment ressentir intimement la destinée d’une population persécutée ? C’est ce que propose Vanessa Gilles, lauréate du prix Nouvelles écritures 2019 dont Les Jours sont partenaires, dans le film photographique Dosta, qui signifie en langue tsigane « Plus jamais ». Réalisé à partir de son travail documentaire photographique et vidéo, Dosta est une histoire de rencontres, de partage avec des femmes manouches, gitanes, roms. Des femmes tsiganes qui ont en commun la discrimination et l’exclusion. Vanessa Gilles trace une ligne d’équilibre entre documentaire et fiction. Les choses sont davantage évoquées que présentées de manière didactique. Mêlant les sons, les images fixes qui se transforment en mouvement, l’autrice nous immerge dans une histoire à la fois intime et partagée, celle de gitans persécutés, déportés pendant la Seconde Guerre mondiale en raison de leur identité.
En 2016, Vanessa Gilles rencontre Esmeralda Romanez, femme manouche de 69 ans, aux Saintes-Maries-de-la-Mer. Celle-ci lui confie l’histoire de sa tante Marie, internée dans différents camps de concentration en France. La documentariste s’empare de cette mémoire pour parler de la destinée de tout un peuple et de cette identité tsigane construite dans la douleur. C’est sa voix qui nous guide durant tout le film. Dosta, une expérimentation visuelle et narrative au service d’une mémoire méconnue.
Photographies et vidéos : Vanessa Gilles ; montage : Alexandre Liebert ; ingénieur du son : Olivier Péria ; voix : Marie ; accordéon : Florin Sandu.