La question a longtemps été mal posée : on s’est demandé « où va le plastique et comment s’en débarrasser ? », alors qu’il aurait fallu se demander « d’où vient-il et comment ne pas le produire ? ». Bien sûr, le consommateur a sa part de responsabilité dans la pollution plastique, comme en attestent les 10 milliards de mégots jetés quotidiennement avec autant de méthode que de désinvolture dans les mers, les parcs et les caniveaux. Se dédouaner sur les citoyens indélicats est certainement un moyen d’action efficace, mais l’industrie a un peu trop vite fait d’oublier sa propre culpabilité. Afin de faire pression sur les multinationales, le collectif Break Free From Plastic (BFFP) organise depuis deux ans des campagnes de ramassage sur les plages du monde entier, afin de recenser les entreprises à l’origine des déchets plastiques. Ces retentissants « audits de marque » ont fait apparaître Coca-Cola comme le « premier pollueur de la planète », devant Nestlé, Pepsico, Unilever et Procter & Gamble. Le genre de publicité dont toute multinationale se passerait bien. Et qui pourrait bien les faire réagir.
La plupart de ces déchets sauvages sont des emballages, un secteur qui accapare plus d’un tiers de la production mondiale de plastique, devant la construction (16 %), le textile (15 %), les produits de grande consommation (10 %), les transports (7 %) et l’électronique (4 %).