Dans le bras de fer qui les oppose au laboratoire Merck, les malades viennent de remporter une victoire importante. La quête de vérité dans le dossier du Levothyrox devrait s’accélérer avec le jugement rendu par le tribunal de grande instance (TGI) de Toulouse, ce lundi 5 novembre. Les juges toulousains ont en effet ordonné une expertise sur 47 plaignants ayant souffert de la nouvelle formule du Levothyrox, médicament prescrit aux malades de la thyroïde. Produite par Merck et commercialisée depuis mars 2017, cette nouvelle formule est en effet responsable, selon les chiffres officiels, de quelques 30 000 déclarations d’effets secondaires (crampes, maux de tête, vertiges, perte des cheveux, idées suicidaires…) à travers la France. Un record. Mais personne, jusqu’ici, ne sait expliquer cette vague d’effets indésirables. Et surtout, les pouvoirs publics refusent, de façon incompréhensible, d’en chercher les raisons : aucune étude n’a été lancée par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), ni par le ministère de la Santé d’Agnès Buzyn. En attendant, les malades continuent de souffrir ou, pour les plus chanceux, se fournissent à l’étranger en boîtes d’ancienne formule.
Les expertises ordonnées à Toulouse pourraient aider à sortir l’affaire de l’impasse. « C’est la première fois qu’un tribunal demande aux experts de dire si la nouvelle formule est responsable des effets secondaires », explique Me Jacques Lévy, l’avocat des plaignants, réunis au sein du collectif Victimes du nouveau Levothyrox en Occitanie (VNLO). « Nous voulons comprendre pourquoi nous avons été et sommes encore malades avec la nouvelle formule. C’est notre priorité », explique encore Sylvie Chéreau, la fondatrice du collectif, qui fait aussi partie des plaignants. La démonstration éventuelle de ce lien de cause à effet est central car, jusqu’à présent, les pouvoirs publics et le laboratoire Merck continuent d’affirmer que la nouvelle formule est meilleure que l’ancienne, en dépit de la cascade d’effets secondaires déclarés. Et de justifier, par la même occasion, l’opportunité du changement de formule, pourtant difficilement compréhensible sur le plan médical : depuis les années 1980, l’ancienne formule du Levothyrox soignait quotidiennement 3 millions de patients français, sans problèmes particuliers…

Face à l’inaction des pouvoirs publics dans ce dossier depuis plus d’un an, les malades ont multiplié les recours judiciaires (lire l’épisode 11, « Levothyrox : la justice court après Merck » et l’épisode 11 de l’obsession Les lobbyistes).