De Villeurbanne (Rhône)
Ce n’est pas le moindre des paradoxes : l’histoire retiendra que dans le domaine de la santé, le secret des affaires, instauré depuis une loi de juillet dernier, a d’abord été utilisé par les organismes publics. Et non par les industriels. Les lecteurs des Jours s’en souviennent, l’Agence du médicament (l’ANSM), garante de la sécurité des produits administrés aux patients, avait ainsi dévoilé, en septembre dernier, l’autorisation de mise sur le marché du Levothyrox exemptée de plusieurs passages, et ce au nom du secret des affaires (lire l’épisode 13, « L’Agence du médicament se planque derrière le secret des affaires »). Ce principe a également été opposé, tout récemment, aux journalistes du Monde dans l’enquête sur les implants médicaux (« Implant files »). Bien gardés, les secrets des industriels sont aussi bousculés par les patients qui se portent en justice. Une action collective, première du genre en matière de santé, intentée contre Merck par plus de 4 000 malades pour « défaut d’information » et « préjudice d’angoisse » (lire l’épisode 11, « Levothyrox : les malades montent en groupe à l’assaut du labo »), vise ainsi à obtenir des indemnisations pour les patients ayant souffert de la nouvelle formule du Levothyrox. Tous attendent réparation avec impatience, mais leur succès est loin d’être garanti.
L’information est justement au cœur de cette action, dont l’audience s’est tenue le lundi 3 décembre à Villeurbanne, dans une salle où s’est délocalisé le tribunal de grande instance de Lyon pour l’occasion.