Tous les clubs de foot adorent se sculpter une légende. Elle est d’ailleurs souvent bien plus patrimoniale que sportive, à travers ce qu’elle reflète de l’histoire et de l’identité d’un territoire. À Lunel, ils sont trois à structurer l’offre footballistique locale et à se partager subventions et installations municipales : le Gallia – qui fête ses 100 ans en juillet – se pose en club historique et compétiteur
; l’US Lunel, à vocation sociale et sportive
(dans cet ordre), est ouverte à tous mais ne compte parmi ses licenciés que des jeunes d’origine maghrébine ; enfin, l’ASPTT, qui se définit comme familial et multiculturel
, privilégie l’apprentissage et le plaisir. Tous les dirigeants et les éducateurs sportifs bénévoles de ces clubs se connaissent, disent se respecter, mais se houspillent plus ou moins gentiment en privé.
Au-delà de la tragédie récente (lire l’épisode 1, « Terrain lourd à Lunel ») qui associe cette petite ville de l’Hérault au jihadisme en raison du départ d’une vingtaine de ses jeunes pour l’Irak et la Syrie (huit au moins y sont morts), le foot amateur est un miroir à facettes des réalités locales. Miroir déformant ou grossissant certes, mais qui reflète de manière éclatante les bonnes volontés, les inégalités, les replis, le respect, la quête d’ouverture, les frustrations, les espoirs, les rêves d’exploits, la mixité (parfois très relative), le besoin et la difficulté de vivre ensemble. Et pas mal d’autres choses encore !
À Lunel comme ailleurs, le foot amateur est d’abord une affaire de gamins, de bénévoles et d’entraîneurs – comme Leila à l’US Lunel ou Alexandre, chauffeur et entraîneur du groupe des 13 ans à l’ASPTT –, de mercredis après-midi et de matchs du week-end.